L’Égypte veut valoriser ses plaines arides pour nourrir sa population estimée à plus de 102 millions d’habitants par la Banque mondiale en 2020. Le gouvernement du pays des pharaons vient ainsi de confier à Hassan Allam Construction, la responsabilité de restaurer des terres arides dans la vallée de Toshka au sud de l’Égypte. L’entreprise basée au Caire prévoit ainsi de construire 124 km d’infrastructures d’irrigation avec des diamètres allant de 200 à 1 400 mm pour la nouvelle zone O.
Cette zone a une superficie totale de plus de 11 700 hectares et dont 6 400 hectares destinés à l’agriculture. Les parcelles restaurées serviront à la culture du blé, une céréale essentielle dans l’alimentation des ménages égyptiens. D’ailleurs, l’Égypte est le premier importateur de blé du continent africain, avec 13 millions de tonnes acheminées en 2021 selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Avec le conflit russo-ukrainien, la hausse des prix du blé a mis en évidence la dépendance de l’Égypte et de la plupart des pays d’Afrique du Nord vis-à-vis du blé produit en Europe de l’Est.
L’exploitation du Nil
Le contrat confié à Hassan Allam s’inscrit dans le cadre du projet Nouvelle Vallée ou projet Toshka. Il s’agit d’un important projet lancé en 1997 par l’ancien raïs égyptien Hosni Moubarak visant à porter la superficie des terres arables en Égypte de 6 % à 35 %. Présenté comme historique à l’époque, le projet consiste en un système de canaux destiné à détourner les eaux du lac Nasser vers des régions désertiques du désert Libyque. Le projet était surtout conçu pour encourager les Égyptiens à quitter le delta du Nil, très peuplé, et à chercher des opportunités économiques dans le désert, au Sud.
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Dès le lancement du projet, les autorités égyptiennes misent sur le pompage de l’eau des lacs de Toshka non loin de la frontière soudaine. Mais au début des années 2000, les niveaux d’eau baissent et la superficie des lacs diminue (tout comme le lac Nasser voisin) en raison de la baisse des apports en eau pendant plusieurs années. Pour poursuivre le projet agricole, l’eau douce d’East Oweinat est pompée dans des aquifères souterrains. Une ressource non renouvelable. Cette eau fossile souterraine s’est accumulée entre 20 000 et 5 000 ans avant notre ère, lorsque le Sahara était beaucoup plus humide.
Depuis 2021, le gouvernement égyptien a décidé d’exploiter les eaux du Nil afin de relancer ce mégaprojet. Hassan Allam s’est ainsi vue confier la mission de mettre en place des installations adéquates, notamment une prise d’eau, des canaux et au moins dix traversées de tunnels. Ces installations seront capables de prélever 7 millions de m3 d’eau par jour dans le Nil, à partir de la localité de Mostakbal Misr.
Jean Marie Takouleu