La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) investit 27 millions d’euros dans une obligation titrisée en monnaie locale pour le développement des infrastructures d’approvisionnement en eau dans plusieurs nouvelles villes égyptiennes.
Dans le cadre de sa politique de développement de nouvelles villes en Égypte, la New Urban Communities Authority (Nuca) reçoit de nouveau le soutien de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd). L’institution financière basée à Londres au Royaume-Uni investit 927 millions de livres égyptiennes (27 millions d’euros) dans une obligation titrisée en monnaie locale émise par El Taamir for Securitization Company (El Taamir), une structure créée ad hoc par la Nuca pour le développement des infrastructures dans les nouvelles villes.
« Cet investissement fait partie de l’émission de 20 milliards de livres égyptiennes en septembre 2022, qui est la plus grande émission titrisée en Égypte à ce jour et qui bénéficie d’une garantie du ministère des Finances du pays. Elle a été cotée à la bourse égyptienne en novembre 2022 », indique la Berd. À l’en croire, l’investissement de 27 millions d’euros en monnaie locale soutiendra une série de projets d’infrastructures municipales portant sur l’eau potable, l’assainissement, le stockage de l’eau traitée et les stations de pompage, l’éclairage public et le transport d’électricité.
Le défi de l’eau
Depuis quelques années, la Nuca développe 40 nouvelles villes dans l’optique de désengorger les agglomérations égyptiennes. Parmi ces villes en construction figure la Nouvelle capitale administrative (NAC) construite à 45 km à l’est de l’actuelle capitale Le Caire. Il y a également Galala City située sur le côté ouest du golfe de Suez, ou encore New El-Alamein City située au nord-ouest de l’Égypte.
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Le véritable défi auquel est confrontée la Nuca dans ces vastes projets immobiliers est l’approvisionnement en eau. Pourtant, l’Égypte connait un déficit annuel en eau d’environ 7 milliards de m3 et le pays pourrait manquer d’eau d’ici à 2025, date à laquelle on estime que 1,8 milliard de personnes dans le monde vivront dans une situation de pénurie absolue d’eau, selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef). Jusqu’ici, l’Égypte dépend à 85 % du Nil pour l’approvisionnement de sa population et son agriculture.
L’appui technique
Cette dépendance est remise en cause par la sècheresse et la construction du Grand barrage de la renaissance éthiopienne (Gerd) qui réduit le débit du fleuve. C’est pourquoi le pays se tourne vers des alternatives telles que le dessalement de l’eau de mer et la réutilisation des eaux usées traitées dans le secteur agricole. L’investissement de la Berd devrait certainement permettre d’explorer ces solutions avec le soutien du secteur privé.
Outre le financement, « la banque fournira un ensemble complet de services de coopération technique pour aider la Nuca à construire une voie durable pour la gestion de l’eau dans l’une de ses nouvelles villes », indique la Berd. Ce programme d’appui technique de 810 000 euros est financé par les Pays-Bas par l’intermédiaire du Partenariat à fort impact sur l’action climatique (HIPCA), également soutenu par l’Autriche, le Canada, la Finlande, la Corée, la Suisse, l’Espagne, le Fonds de coopération internationale et de développement de Taïwan (TaïwanICDF) et le Royaume-Uni, mais aussi par les fonds propres de la Berd.
Jean Marie Takouleu