L’Égypte se prépare à engager un chantier important : la rationalisation de la consommation de l’eau dans le pays. L’objectif à terme est de préserver les ressources d’eaux de surface qui s’épuisent avec le développement du pays, ainsi que la croissance de la population.
C’est le cas du Nil. Ce fleuve fournit depuis longtemps de l’eau potable aux populations et permet d’irriguer des plantations en Haute-Égypte. Son débit est désormais très affecté par des projets hydrauliques, notamment la construction du barrage hydroélectrique de Grande renaissance de 6 000 MW en Éthiopie.
Le dessalement de l’eau de mer
Le gouvernement égyptien mise en parallèle des leviers qui permettent de la mise en place d’une politique de rationalisation de la consommation de l’eau sur l’exploitation de ressources non conventionnelles. Il se tourne ainsi de plus en plus vers d’autres sources d’approvisionnement en eau potable, notamment le dessalement. Selon Assem al-Gazzar, le ministre égyptien du Logement qui a annoncé le plan de rationalisation de la consommation de l’eau, 23 stations de dessalement sont en cours de construction dans les gouvernorats côtiers.
C’est le cas dans les nouvelles villes en cours de construction comme New Mansoura, où International Co for Water Services & Infrastructure (IWSI), le partenaire égyptien de Fluence Corporation, une entreprise américaine, et Hassan Allam EPC, une société égyptienne construisent actuellement une usine de dessalement de 40 000 m3 par jour (extensible ultérieurement à 80 000 m3). Autre signe de la volonté du gouvernement égyptien d’exploiter massivement l’eau de mer pour produire de l’eau potable : il a signé récemment un contrat avec SepraTek, une entreprise sud-coréenne, qui prévoit la construction d’une usine de fabrication de membranes pour les usines de dessalement d’eau de mer et le transfert de technologies.
La réutilisation de l’eau
Dans sa stratégie de rationalisation de la consommation de l’eau en Égypte, le gouvernement compte également s’appuyer sur la réutilisation des eaux usées à travers la construction de stations d’épurations. À ce propos, 26 installations de ce genre seront bientôt mises en service dans tout le pays. L’eau traitée servira à irriguer des plantations ou bien des espaces verts dans les grandes villes.
L’usine de Bahr Albaqar, une localité située près de Port-Saïd dans le nord-est de l’Égypte, fait partie des usines de traitement des eaux usées en cours de construction en Égypte. Elle est construite par Arab Contractors et Orascom Construction, deux entreprises égyptiennes, et traitera 73 000 m3 d’eaux usées par jour.
Jusqu’à 45 % d’économies d’eau !
La nouvelle politique du gouvernement impactera également les ménages avec l’utilisation de pièces spéciales sur les robinets pour économiser l’eau. Il misera aussi sur la sensibilisation des populations à cet enjeu. La rationalisation concerne également les administrations publiques. Tous les ministères et leurs institutions affiliées bénéficieront d’une technologie mise en place par l’Organisation arabe pour l’industrialisation (AOI). Elle permet de contrôler le débit de l’eau et sa pression dans un réseau d’eau. Un projet pilote intégrant cette technologie a déjà été mis en œuvre dans plusieurs administrations publiques. Il ressort de cette expérience qu’elle permet d’économiser environ 45 % de la consommation…
Jean Marie Takouleu