Le gouvernement égyptien s’apprête à lancer un nouveau système « moderne » d’irrigation. Le but est de répondre aux besoins des agriculteurs tout en mettant en œuvre le plan de rationalisation de la consommation en eau en vigueur dans le pays.
Le gouvernement égyptien poursuit sa politique de rationalisation de la consommation en eau. Il va purement et simplement remplacer le système d’irrigation en place actuellement. Le ministère égyptien de l’Irrigation et des Ressources en eau et celui de l’Agriculture lanceront bientôt un nouveau système « moderne » d’irrigation.
Il s’agit d’un changement de méthode préconisé par les experts. Il consiste à remplacer les pratiques d’irrigation par inondation, notamment par ruissellement, qui servent à faire pousser les céréales comme le riz. À leur place, le gouvernement préconise le goutte-à-goutte, l’irrigation par bulles et la pulvérisation par brouillard.
Ces nouveaux systèmes devraient permettre aux agriculteurs égyptiens de travailler en évitant d’épuiser la ressource en eau. Depuis plusieurs mois, le gouvernement égyptien est engagé dans un plan de rationalisation de la consommation en eau. La baisse du débit du Nil est en partie à l’origine de cette nouvelle politique. Selon le gouvernement, la quantité d’eau de pluie qui entre dans le Nil à partir des chaînes montagneuses éthiopiennes est inférieure aux normes de saison.
Par conséquent, le débit du Nil diminuera de 5 milliards de m3. « Ce déficit représente 10 % de la part égyptienne d’eau du Nil qui s’élève à 55,5 milliards de m3, telle qu’établie dans une convention de 1959 répartissant les droits relatifs à l’eau du Nil », précisait récemment le ministère égyptien de l’Irrigation et des Ressources en eau. Face à cette situation, en août 2019, le gouvernement égyptien a décidé d’amender la loi 53/1966 sur l’agriculture. Désormais, des restrictions sont imposées à la culture du riz, de la canne à sucre, de la banane et à toutes les cultures à forte teneur en eau.
D’autres alternatives
Après avoir longtemps joué le rôle de première source d’eau de surface en Égypte, le Nil n’est plus capable d’approvisionner l’ensemble du pays des pharaons. Le gouvernement actuel mise sur de nouvelles ressources d’approvisionnement en eau, notamment le dessalement de l’eau de mer. Il y a quelques jours, le gouvernement a annoncé avoir reçu une offre d’une entreprise émirienne pour un investissement de 800 millions de dollars en vue de la construction de plusieurs stations de dessalement. Elles permettront de produire 500 000 m3 d’eau par jour. Un comité a été formé au ministère du Logement afin d’étudier en détail cette offre d’importance majeure.
La société, dont le nom n’a pas été dévoilé, veut profiter de l’ouverture du dessalement aux entreprises privées. Le but du gouvernement égyptien est de mettre en service 21 nouvelles usines de dessalement avant la fin de l’année 2022. Actuellement, 19 usines d’une capacité de 400 000 m3 par jour sont en construction dans les gouvernorats côtiers. Ces installations s’ajouteront aux 63 usines de dessalement implantées dans les gouvernorats du Sinaï Nord, de Matrouh, de la mer Rouge et du Sinaï Sud.
Jean Marie Takouleu