Avec la construction du grand barrage de la renaissance éthiopienne (Gerd) qui réduit le débit du Nil, et accélère le stress hydrique en Afrique du Nord, l’Égypte a plus que jamais besoin de solutions alternatives pour l’approvisionnement de sa population et le développement de son agriculture. Outre la réutilisation des eaux usées traitées, Le Caire mise également sur le dessalement de l’eau de mer et encourage la mise en place de partenariats public-privé (PPP).
Et ça marche puisque les investisseurs se bousculent pour tenter de gagner des concessions autour des nouvelles villes côtières en construction dans le pays. C’est le cas du saoudien Acwa Power, l’indien Va Tech Wabag, l’espagnol Abengoa ou encore le japonais Toyota Tsusho. Selon le portail allemand Statista, en 2021/2022, l’Égypte disposait d’un total de 47 stations de dessalement de l’eau, d’une capacité totale de 371,8 millions de m3 par jour. Mais la ruée vers le dessalement pose un autre problème, celui de la sobriété énergique des usines construites.
Améliorer l’efficacité énergétique du dessalement
Sur ce point, le gouvernement égyptien veut parier sur les énergies renouvelables, notamment les centrales solaires à concentration (CSP). D’ailleurs, à l’issue d’un appel d’offres international lancé il y a quelques mois, plusieurs entreprises ont été retenues récemment. Il s’agit notamment d’Aqualia, un fournisseur de solutions de traitement de l’eau basé à Madrid en Espagne, le producteur indépendant d’électricité (IPP) norvégien Scatec, l’énergéticien français Engie, l’émirati Amea Power ou encore Toyota Tsusho qui multiplie ses investissements dans le secteur de l’énergie en Afrique. Les autorités égyptiennes tablent sur une capacité combinée de 250 MW pour un investissement de 270 millions de dollars.
Lire aussi- AFRIQUE : le dessalement désormais au cœur des stratégies d’approvisionnement en eau
Les centrales connectées sur le réseau électrique national de l’Égypte devraient produire pendant 25 ans, de l’électricité propre pour l’alimentation des usines de dessalement d’une capacité combinée de 400 000 m3 par jour. Avec cette initiative, l’Égypte devrait faire ses premiers pas dans la production de l’énergie solaire à partir de centrales à concentration.
Le solaire thermodynamique en Égypte
Bien que faisant partie des bons élèves en matière d’énergies renouvelables en Afrique, l’Égypte a jusqu’ici privilégié le solaire photovoltaïque et l’éolien terrestre. Pourtant, le pays d’Afrique du Nord dispose de ressources nécessaires pour la mise en place de centrales solaires thermodynamiques. En comparaison aux centrales solaires photovoltaïques, les CSP coûtent un peu plus cher à mettre en place, mais leur rendement est meilleur puisqu’elles peuvent fournir de l’électricité après le coucher du soleil.
L’Égypte a commencé à explorer la piste des CSP il y a quelques années avec la mise en place d’un partenariat en 2019 avec Smart Engineering Solutions, une entreprise basée à Abu Dhabi aux Émirats arabes unis. Le Caire tablait sur un investissement de départ de 1,2 milliard de dollars pour cinq CSP et la construction d’une usine pour localiser la fabrication des composantes de ces centrales. Depuis, aucune installation n’est entrée en service. Entre-temps, d’autres acteurs se sont intéressés au marché égyptien de l’énergie solaire thermodynamique. C’est le cas du suédois Absolicon Solar Concentrator qui mettra en service d’ici à 2024, une ligne de fabrication de capteurs solaires pour le compte de l’entreprise suisse Creative Power Solutions (CPS).
Jean Marie Takouleu