Un récent rapport de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena), évalue à 53 % la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique de l’Égypte d’ici 2030, alors que ce pays, très ensoleillé, les estimait jusqu’ici à 42 % seulement, pour le même horizon.
L’Égypte est le principal consommateur d’hydrocarbures en Afrique, comptant pour 22 % de la demande en pétrole et 37 % de la demande en gaz naturel sur le continent. En 2015, sa consommation de pétrole s’établissait à 824 000 barils par jour. Le pays dépense ainsi des sommes faramineuses pour couvrir les besoins énergétiques sans cesse croissants de sa population, estimée à 97 millions d’habitants. Importateur de gaz naturel, malgré la découverte en 2015, d’un important gisement de 850 milliards de m3, l’Égypte a jugé bon d’investir dans les énergies renouvelables afin de s’assurer une autosuffisance énergétique, tant son économie en dépend.
Dans cette optique le gouvernement a lancé en 2014 une stratégie nationale pour diversifier son mix énergétique d’ici à 2035, avec entre autres pour ambition de porter à 42 % la part des énergies renouvelables dans la production nationale d’électricité à cet horizon (et à 20 % en 2022). Mais pour l’Agence internationale des énergies renouvelables (Irena), ces prévisions doivent être revues à la hausse. Car le pays peut s’appuyer sur son énorme potentiel en sources d’énergie renouvelables pour atteindre des parts plus élevées d’énergie hydraulique, éolienne, solaire et de biomasse.
Dès 2030, l’Égypte pourrait couvrir jusqu’à 53 % de ses besoins d’électricité, à partir du renouvelable
Le rapport intitulé : « Perspectives d’énergie renouvelable : Égypte », a été publié par l’Irena mi-octobre 2018 au Caire. Considérant que les ressources d’énergies renouvelables sont très sous-estimées dans le plan stratégique de mix énergétique égyptien, l’Irena estime que la part des énergies renouvelables pourrait être portée à 53 % de la production d’électricité dès 2030 et à 22 % de la consommation finale d’énergie du pays, tout en réduisant la facture énergétique nationale (900 millions de dollars par an) et en bénéficiant d’externalités positives en matière d’environnement et de santé publique.
Toutefois, pour atteindre ces objectifs plus ambitieux, il faudrait, précise le rapport, que les investissements dans les énergies renouvelables passent de 2,5 milliards de dollars, selon les politiques actuelles, à 6,5 milliards de dollars par an. « Sur la base de ces réalisations, l’Égypte a la possibilité d’accroître encore son ambition, ce qui implique une augmentation substantielle des investissements », a déclaré M. Adnan Z. Amin, Directeur général d’Irena.
De son côté, le ministre égyptien de l’électricité et des Énergies renouvelables a salué l’importance de ce rapport. « Avec l’appui de l’Irena, nous pouvons poursuivre nos plans pour accroître la capacité installée du pays grâce à des politiques intelligentes et aux dernières technologies renouvelables », a souhaité le Docteur Mohamed Shaker.
Égypte : vers 6,5 Mds $ d’investissements annuels dans le renouvelable ?
Dans le cadre de son programme stratégique de développement des énergies durables, le gouvernement Égyptien a mis sur pieds un fonds de financement d’une valeur d’un milliard de dollars, pour aider les producteurs d’électricité indépendants à investir dans une première série d’initiatives privées portant sur les énergies renouvelables du pays. L’initiative est soutenue par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) qui y contribue à hauteur de 352,3 millions de dollars dans le cadre de sa politique de Transition vers une économie verte, alors que le Fonds vert pour le climat s’est engagé à apporter 154,7 millions de dollars de fonds, ce qui constitue l’investissement le plus important à ce jour du programme phare de financement de la lutte contre les changements climatiques des Nations Unies.
Par ailleurs, les investissements dans les énergies propres dans le pays, quasi inexistants au cours des années antérieures, ont atteint les 805 millions de dollars au deuxième trimestre de 2017.
Boris Ngounou