Le dessalement de l’eau de mer est devenu une alternative incontournable pour les villes côtières en Égypte. Port-Saïd vient de servir d’exemple. La ville située au débauché du canal de Suez dispose désormais d’une usine de dessalement de l’eau de la Méditerranée. L’installation a été mise en service récemment par un consortium composé de l’entreprise égyptienne Orascom Construction et Metito, une entreprise spécialisée dans la gestion de l’eau dont le siège se trouve à Guernsey, une dépendance de la Couronne britannique.
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La nouvelle usine de dessalement occupe un terrain de 79 000 m2, y compris une zone destinée à de futures extensions. La station affiche une capacité de 150 000 m3 par jour, soit l’une des plus grandes usines d’osmose inverse actuellement en service en Égypte. Selon Metito, le site du projet a été « soigneusement » choisi pour être à proximité de la ville de Port-Saïd, qui devrait être le principal bénéficiaire de l’eau produite.
De l’eau potable pour 1 million de personnes
Metito estime que la nouvelle station d’osmose inverse est capable d’approvisionner 1 million de personnes. Outre la construction de l’usine, le consortium a installé les structures pour la prise d’eau en mer et l’évacuation des eaux usées. La structure est conçue pour une usine d’une capacité de 250 000 m3 par jour pour tenir compte de l’expansion future de la capacité de production de l’usine de dessalement.
Le projet désormais achevé portait également sur la construction des réseaux de transmission et de distribution de l’eau, d’une longueur totale d’environ 700 km, ainsi que les réservoirs de stockage nécessaires, les raccords, les équipements de mesure et de contrôle, tous les travaux électriques et mécaniques nécessaires au fonctionnement de la station de dessalement. « Le processus de dessalement produit des déchets qui sont principalement de l’eau hautement salée concentrée qui est éliminée de manière sûre pour l’environnement grâce à un processus chimique complexe. L’eau est traitée avec des acides spéciaux afin d’égaliser le niveau de pH des eaux usées et de ramener leur salinité aussi près que possible de l’eau de mer normale pour éviter d’avoir un impact sur la vie marine dans la zone de drainage des eaux », explique Metito.
Le financement du KFAED
À en croire cette entreprise dirigée par Mutaz Ghandour, l’usine de dessalement a été « conçue pour consommer moins d’électricité possible par m3 d’eau produite », ce qui aura un effet positif sur l’économie d’exploitation et réduira l’empreinte carbone de l’usine en utilisant des « méthodes avancées » pour récupérer l’énergie des eaux usées (c’est-à-dire de l’eau concentrée très salée).
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L’ensemble du projet a nécessité un investissement de près de 392 millions de dollars. L’État égyptien a assuré le financement des nouvelles installations grâce à un prêt de 178 millions de dollars du Fonds koweïtien pour le développement économique arabe (KFAED). L’aboutissement de ce projet de dessalement de l’eau de la mer Méditerranée marque une étape importante dans la politique du gouvernement égyptien en matière de gestion de l’eau. Confrontée à la chute du débit du Nil, l’Égypte s’est tournée vers le dessalement avec un plan visant à doter le pays des pharaons de 67 usines de dessalement d’ici à 2050.
Jean Marie Takouleu