Le ministère égyptien de l’électricité a entamé récemment des négociations avec Sinohydro, une entreprise chinoise réputée en Afrique pour la construction de barrages hydroélectriques. Les discutions portent sur les modalités de construction et de financement de la future grande centrale hydroélectrique à pompage-turbinage d’Ataqa, d’une capacité de 2 400 MW. Le français Artélia et le suise AF Consult pourraient s’inviter à la table du géant chinois.
Des négociations s’ouvrent à nouveau entre le ministère de l’Électricité et l’entreprise chinoise Sinohydro autour du méga projet hydroélectrique d’Ataqa dans le golf de Suez, à l’est de l’Égypte. La particularité de ce projet hydroélectrique est, qu’il ne s’agira pas de construire un barrage sur un fleuve, mais une centrale réversible. Concrètement, l’eau est pompée pour faire tourner les turbines, une technique de stockage de l’énergie électrique (voir ci-dessous). L’autre singularité de ce projet égyptien est sa très grande capacité de restitution de l’énergie électrique stockée : 2 400 MW.
Les autorités égyptiennes ont déjà conclu un accord avec Exim Bank of China. L’institution financière devrait assumer, avec l’État, l’investissement de 2,4 milliards de dollars, nécessaire à la construction d’une telle infrastructure. D’ordinaire, les projets financés par cette banque sont confiés exclusivement à une entreprise chinoise, en occurrence Sinohydro. Mais les autorités égyptiennes ont décidé d’y associer d’autres partenaires, suscitant quelques désaccords avec Sinohydro.
Plusieurs points d’achoppement
Les négociations qui s’ouvrent au Caire vont permettre de sceller l’entente pour la construction de la centrale hydroélectrique à pompage-turbinage d’Ataka. Elles porteront sur les conditions générales du contrat. Les autorités égyptiennes veulent que l’entreprise française Artelia et le suisse AF Consult soient intégrés au projet comme consultants. Ce consortium devrait avoir pour tâche d’évaluer la faisabilité technique et financière ainsi que le suivi des travaux jusqu’à l’achèvement du contrat avec Sinohydro. L’entreprise chinoise a déjà été désignée comme EPC (devant assurer le contrat d’ingénierie, d’approvisionnement et de construction) et de contractant financier.
Sur le plan financier justement, l’Egyptian Electricity Holding Company (EEHC) cherche à obtenir une réduction des coûts de construction à 100 millions de dollars et un délai de remboursement du prêt sur une période de 20 ans, à un taux d’intérêt de 0,5 %. C’est certainement à l’issue de ces négociations que l’on disposera d’autres détails sur ce projet, notamment concernant le nombre de turbogénérateurs qui seront installés dans la centrale et la nature spécifique des travaux de génie civil qui seront effectués.
Mais selon Artelia, la centrale hydroélectrique à pompage-turbinage d’Ataqa renforcera la stratégie nationale des autorités égyptiennes en faveur de la diversification des sources d’énergie du pays. À en croire cette société, basée à Lyon, dans l’est de la France, le projet améliorera également la capacité à répondre à la demande croissante en électricité dans la région. Le pays des pharaons va bénéficier de l’énergie produite à partir de sources nouvelles et renouvelables. Et cette énergie pourra ainsi être stockée pour une consommation ultérieure.
On apprend aussi qu’Hydro Power Plants Executive Authority, qui développe ce projet, a déjà reçu les approbations en matière de sécurité et d’environnement. La construction de la centrale d’Ataqa devrait prendre sept ans, avec une date d’achèvement prévue en 2024.
Jean Marie Takouleu
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Une centrale hydroélectrique réversible c’est quoi ?
Une centrale hydroélectrique réversible (pompage ou turbinage) est utilisée pour transférer l’eau entre deux bassins situés à des altitudes différentes. Lorsque le réseau fournit un surplus d’électricité (heures creuses ou pic de production) l’eau du bassin inférieur est pompée dans le bassin supérieur. Sous l’effet de la pesanteur, cette masse d’eau représente une future capacité de production électrique. Lorsque le réseau connaît un déficit de production électrique, la circulation de l’eau est inversée. La pompe devient alors turbine et restitue l’énergie accumulée précédemment. L’opération engendre des pertes entre 15 % à 30 %, mais permet de stocker de l’énergie inutilisée. JMT