C’est un rêve ancien qui est en train de devenir réalité, tellement le projet a été repoussé à plusieurs reprises depuis les années 70. À 45 km de la ville du Caire, la capitale de l’Égypte, une nouvelle ville est en train de sortir de terre. Pour le moment, son nom n’est pas encore connu. Mais on en sait un peu plus sur cette nouvelle capitale administrative qui va remplacer Le Caire.
Les trente-quatre ministères que comptent le gouvernement égyptien et le complexe présidentiel lui-même vont s’y installer d’ici le mois de juin 2019. Les autorités assurent que le chantier « avance très rapidement ». Les techniciens et les ingénieurs travaillent nuit et jour pour faire naître une ville dont l’ambition est de surpasser Singapour.
Une ville pour 6,5 millions d’habitants
La ville nouvelle est construite sur un terrain vierge, en plein désert, dans la grande région du Caire, entre le Nil et le canal de Suez. La zone ne compte aucun habitant, sauf les ouvriers du grand chantier. Selon l’ancien général de brigade Khaled El-Husseiny Soliman, responsable de la coordination internationale avec la capitale administrative pour le développement urbain (qui supervise un partenariat entre le ministère du Logement et l’armée, ndlr), ce sera la ville « la plus high-tech » du pays, abritant la plus haute tour d’Afrique, le plus grand minaret d’Égypte.
La ville sera équipée de plusieurs capteurs qui signaleront la fumée ou les incendies aux services d’urgence et un « système de circulation intelligente » selon la même source. Elle disposera également d’un immense espace vert, plus grand que celui du Central Park de New York aux États-Unis, qui affiche pourtant une superficie de 341 hectares. La future capitale du pays des pharaons sera dotée d’un méga centre commercial, de quartiers résidentiels, d’un campus scientifique et technique et d’un complexe culturel comprenant un opéra, des théâtres et un cinéma.
Une église est en voie d’achèvement et s’enorgueillit du clocher le plus haut d’Afrique du Nord. Les premières infrastructures sont déjà livrées ; c’est le cas de l’hôtel Al Masa, géré par l’armée, qui a été inauguré par le président Abdel Fattah al-Sissi il y a quelques mois.
Le coût du projet divise
Si la volonté de construire une grande ville en plein désert laisse les Égyptiens dubitatifs, notamment concernant la capacité à désengorger la grande ville du Caire (plus de 18 millions d’habitants en 2015), ils sont pourtant nombreux les observateurs qui n’hésitent pas à critiquer le projet, notamment pour son financement. Officiellement, le gouvernement égyptien a évoqué en 2015 la somme de 43 milliards d’euros. Une somme astronomique, surtout pour un pays qui traverse une crise économique sérieuse liée à l’instabilité politique des dernières années.
Cependant, le projet a reçu le financement de la couronne émiratie, notamment à travers le prince Mohammed Ben Zahed. La somme exacte du prêt n’a pas été révélée. China State Engineering a également injecté environs 15 milliards d’euros dans le projet. Face aux critiques, le gouvernement égyptien répond que les ventes de terrains compenseront le coût du projet.
Jean Marie Takouleu