C’est une année totalement électorale en Afrique. Les populations de neuf pays du continent voteront pour renouveler ou maintenir leurs dirigeants. Ces scrutins présidentiels concernent le Sénégal en février, le Togo en mars, l’Afrique du Sud en mai, la Mauritanie en juin et le Rwanda en juillet. Octobre sera le mois le plus serré avec des élections au Mozambique, au Botswana, en Éthiopie et en Tunisie. Bien après, en décembre, ce sera au tour des Ghanéens et des Algériens d’élire leurs présidents.
Mais ce sont les Comores qui ont ouvert le bal hier dimanche 14 janvier, jour de suffrage pour 340 000 électeurs. Parmi les enjeux de ces exercices civiques pour l’Afrique figurent les grandes questions économiques telles que le pouvoir d’achat face à la flambée des prix et la sécurité transfrontalière à l’heure de la montée des groupes rebelles. Il y a aussi et surtout ces grands dossiers sur le changement climatique, car ces neuf pays sont en première ligne de ses conséquences.
En lice pour sa propre réélection, le président comorien Azali Assoumani par ailleurs à la tête de l’Union africaine (UA) a récemment promis à ses homologues d’encourager « la mobilisation des financements du secteur privé en faveur du climat et de la croissance verte sur le continent, car nous savons tous que ce combat exige d’importants capitaux ». Une diplomatie économique qu’il compte bien mettre à profit dans son archipel où 45 % de la population vit sous le seuil de la pauvreté, selon la Banque mondiale. « Je suis bien placé pour le dire, vivant dans un pays insulaire dont le développement est exposé aux phénomènes désastreux (notamment le cyclone Kenneth, Ndlr) », a-t-il conclu lors des Assemblées annuelles de l’institution panafricaine qui se sont tenues au printemps 2023 en Égypte.
Un programme électoral pour la résilience des Sénégalais
S’il est vrai qu’il n’existe pas de réels partis « écologistes » sur le continent africain comme c’est le cas en Europe, cela ne signifie pas forcément que les candidats représentant les classes politiques traditionnelles ne sont pas conscients des enjeux sur la pollution de l’air, les catastrophes naturelles ou même la déforestation. Au Sénégal, pays d’Afrique de l’Ouest doublement confronté à la sècheresse et l’érosion côtière, l’ex-Premier ministre Idrissa Seck propose une nouvelle vision qui prenne en compte la transition écologique.
Celui qui a présidé de 2020 à 2023 le Conseil économique, social et environnemental de l’État sénégalais attend la validation de sa candidature par le Conseil constitutionnel pour entamer une campagne axée sur la résilience économique et climatique. Il prévoit par exemple de « mettre en place une fiscalité verte et bleue en vue d’une gestion durable des ressources naturelles et l’application effective de principe pollueur-payeur », s’il devient le successeur du président sortant Macky Sall.
La stratégie climatique du Rwanda se joue dans les urnes
À 5 200 kilomètres du pays de la Téranga, on vote également au Rwanda en juillet prochain. Cette élection fait couler beaucoup d’entre à travers le monde, car le président actuel Paul Kagame au pouvoir depuis l’an 2000 brigue un quatrième mandat. Le pays d’Afrique de l’Est a réussi à se propulser comme le meilleur élève africain de l’Accord de Paris auprès de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) dont le siège est à Bonn en Allemagne.
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En la matière, les défis qui attendent le vainqueur du scrutin uninominal rwandais sont entre autres la réduction de 38 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici à 2030 dans le pays des mille collines, ainsi que la lutte contre les inondations. Au moins 130 personnes, notamment à Kigali en sont mortes en mai 2023. Ce phénomène météorologique détruit les plantations et les installations d’eau potable accélérant ainsi l’insécurité alimentaire et les pénuries d’eau.
Benoit-Ivan Wansi