Comment assurer une production durable de l’eau potable au Sénégal ? La SEN’EAU, l’entreprise qui produit et distribue de l’eau potable dans les zones urbaines et périurbaines au Sénégal, réalise des investissements stratégiques, à commencer par l’amélioration du processus de traitement de l’eau. Pour ce faire, le chlore est remplacé par l’électrochloration au niveau des usines.
C’est une technique qui offre une sécurité d’approvisionnement précieuse pour les services des eaux, en générant une solution d’hypochlorite de sodium sur place, à la demande, pour la désinfection de l’eau. La solution d’hypochlorite de sodium est produite par électrolyse du sel, une ressource disponible au Sénégal. C’est une alternative naturelle étant donné que « l’utilisation du chlore gazeux représente un risque élevé notamment pour les zones d’habitation à proximité des sites de stockage. Nous avons d’ailleurs des difficultés à transporter ce chlore avec de grands transporteurs internationaux », explique Magatte Niang, le directeur général de la SEN’EAU.
Renforcer l’efficacité énergétique avec le solaire
L’entreprise de service public implémente la technique de l’électrocholoration à l’usine du Point B dans la capitale Dakar, « et nous prévoyons de déployer ce procédé dans les plus grandes infrastructures d’eau potable à commencer par les usines de Keur Momar Sarr (KMS) qui affichent une capacité combinée de 300 000 m3 par jour », indique Magatte Niang qui prévoit de se concerter avec son partenaire, la Société Nationale des Eaux du Sénégal (SONES) afin d’utiliser l’électrochloration partout au Sénégal.
Dans le même temps, la SEN’EAU veut améliorer l’efficacité énergique de ses installations d’eau potable. Dans le cadre de cette démarche écoresponsable, l’entreprise a signé un partenariat avec TotalEnergies pour deux parcs solaires. Le plus grand parc sera implanté sur le site de Keur Momar Sarr dans la région de Louga. D’une capacité de 11,2 MWc (mégawatt-crêtes), la centrale sera équipée de 20 600 panneaux solaires et fournira jusqu’à 32 % d’électricité nécessaires au fonctionnement des usines d’eau potable.
La réduction des factures d’électricité
Dans la région de Thiès, la seconde centrale solaire (9,3 MWc) sera construite pour couvrir 32 % des besoins en électricité du surpresseur de Mékhé. Cet accélérateur de débit permet le transit de volumes d’eau plus importants (200 000 m3 par jour) vers les grandes zones de consommation de Dakar, Thiès, la Petite-Côte et les nouveaux pôles urbains, à partir de la troisième usine d’eau potable de Keur Momar Sarr. Les deux parcs solaires photovoltaïques dont les travaux seront lancés d’ici à la fin de cette année 2024 afficheront une capacité combinée de 20 MWc.
Grâce à ces centrales à énergie propre, la SEN’EAU pourra « économiser entre 800 millions et 1 milliard de francs CFA (entre 1,2 et 1,5 million d’euros). Dans le même temps, nous réfléchissons à équiper nos agences de systèmes solaires en toiture. Les ressources solaires sont très abondantes au Sénégal et les équipements deviennent de plus en plus accessibles », affirme Magatte Niang.
Verdir les infrastructures hydrauliques
Sous l’impulsion de son directeur général, la SEN’EAU met également la biodiversité au cœur de ses priorités en plantant des arbres autour des usines d’eau potable.
Ainsi, à l’occasion de la Journée Mondiale de l’Environnement le 25 juin 2024, la SEN’EAU a lancé le challenge « Un Jambar (guerrier de l’eau en Wolof), un Arbre ». « C’est dans le but de sensibiliser nos collaborateurs sur le comportement qu’ils doivent adopter face à l’environnement. L’idée c’est que cette exemplarité soit diffusée dans leurs familles, et éventuellement au sein de leurs communautés », explique Magatte Niang.
Réduire la sur consommation du papier
L’opération a déjà commencé sur le site de KMS avec un lot de 150 arbres plantés. Cette initiative permettra ainsi de planter 1 000 arbres répartis en 43 espèces rares ou en voie de disparition dans les sites de l’entreprise. Entre autres axes de réflexion pour la réduction de son impact environnemental, la SEN’EAU veut réduire l’utilisation du papier au sein de ses bureaux. « Cela parait simple à envisager, mais cette stratégie doit s’accompagner de la digitalisation », assure le directeur général de la SEN’EAU.
Cette initiative s’inscrit dans une démarche mondiale visant également à amortir l’impact économique de la surconsommation du papier. On estime qu’une entreprise d’une centaine de salariés dépense chaque année entre 10 000 et 25 000 euros uniquement pour sa consommation interne de papier et l’entretien du matériel. De plus, l’industrie du papier contribuerait à près de 600 millions de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) émises chaque année sur la terre, selon le Fonds mondial pour la nature (WWF).
Jean Marie Takouleu