Alors que la construction du barrage de la Renaissance sur le Nil Bleu continue de susciter l’ire des autres pays tributaires du Nil, l’Éthiopie lance la construction d’une nouvelle retenue d’eau. L’installation sera située sur la rivière Anger, un affluent du Nil. Les travaux ont été lancés récemment par le gouvernement de l’État régional d’Oromia, en présence de Sileshi Bekele, le ministre fédéral éthiopien de l’Eau, de l’Irrigation et de l’Énergie.
Le barrage construit par Oromia Water Works Construction Enterprise aura une hauteur de 80 m et une longueur de 1,3 km. L’imposante structure sera située à Gida Ayana Woreda, dans la zone de Welega Est. L’installation sera capable de stocker 1,3 milliard de m3 d’eau. Le gouvernement éthiopien estime que le futur barrage fournira de l’eau pour la restauration d’au moins 14 500 hectares de terres arables ; de quoi bénéficier à 58 000 foyers d’agriculteurs dans l’État régional d’Oromia.
L’inquiétude dans le bassin du Nil
La construction du barrage d’Anger nécessitera un investissement de 10 milliards de birrs éthiopiens (230,4 millions de dollars), entièrement financés par l’État fédéral. La retenue d’eau sera opérationnelle dans trois ans. Logiquement, ce barrage devrait à nouveau impacter le débit du Nil, de quoi renforcer l’inquiétude d’autres pays dépendant du plus long fleuve d’Afrique (6 650 km), notamment l’Égypte et le Soudan.
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Ces pays d’Afrique du Nord sont déjà à couteaux tirés avec l’Éthiopie au sujet du barrage de la Renaissance. Face à l’échec de toutes les initiatives diplomatiques pour régler la question, Le Caire et Khartoum ont fait appel cette fois à la Ligue arabe qui a organisé une réunion ministérielle à Doha au Qatar, le mardi 15 juin 2021. À l’issue de cette réunion, la Ligue arabe s’est dite consternée par la volonté de l’Éthiopie de poursuivre le remplissage de ce barrage qui permettra de produire 6 450 MW d’électricité.
Dans la foulée, l’Éthiopie a rejeté les résolutions de la Ligue arable, réitérant sa volonté à commencer la deuxième phase du remplissage de son barrage au cours de la prochaine saison des pluies (juillet-août). La Ligue arabe compte porter l’affaire devant le Conseil de sécurité des Nations unies.
Jean Marie Takouleu