C’est peut-être autour des États unis que l’Éthiopie, le Soudan et l’Égypte sortiront de l’impasse concernant le barrage de la renaissance, au cœur des tensions entre les trois pays qui dure depuis neuf ans. Après plusieurs mois de réticences, l’Éthiopie a finalement rejoint les autres protagonistes, en répondant favorablement à l’offre de médiation des États unis. Une rencontre est donc prévue entre les trois pays le 6 novembre 2019 à Washington, comme l’a annoncé le chef de la diplomatie égyptienne, Sameh Choukri, le 28 octobre 2019.
Au cœur de ce conflit, le droit à l’eau. Car les trois pays ont les eaux du Nil en partage. Le Nil Bleu prend sa source en Éthiopie, rejoint le Nil Blanc à Khartoum au Soudan, pour former le Nil qui traverse le Soudan et l’Égypte avant de se jeter dans la Méditerranée. Or l’Égypte s’oppose à la construction du barrage, commencée en 2012 par l’Éthiopie. Elle craint une réduction du débit du fleuve, dont est issu 90 % de son approvisionnement en eau. L’Égypte demande un minimum annuel garanti de 40 milliards de mètres cubes, ce que l’Éthiopie refuse d’accorder jusqu’ici. L’enjeu se focalise surtout sur la durée de remplissage du barrage. Car la demande égyptienne suppose de réaliser l’opération sur plus de 7 ans afin que le débit aval ne se soit pas trop restreint pendant ce temps. Alors que l’Éthiopie prévoit 3 à 5 ans pour pouvoir profiter au plus vite de son barrage et des impacts positifs qu’il aura sur la croissance de son économie.
Le plus grand barrage d’Afrique
Le barrage de la Renaissance pourrait bien devenir la plus grande centrale hydroélectrique d’Afrique, avec une production de 6 000 mégawatts.
Et selon les autorités éthiopiennes, le gigantesque barrage qui a coûté 4 milliards de dollars (environ 3,6 milliards d’euros) devrait déjà commencer à produire de l’électricité d’ici à fin 2020 et serait complètement opérationnel d’ici à 2022.
De grands espoirs reposent sur ces pourparlers marqués par une médiation internationale, car des analystes estiment que l’absence d’accord entre l’Éthiopie, le Soudan et l’Égypte pourrait susciter un conflit entre les trois pays et avoir de graves conséquences humanitaires.
Boris Ngounou