Malgré le refus de l’Égypte, l’Éthiopie reste ferme quant à la poursuite des travaux de construction de son barrage hydroélectrique sur le Nil. Le Premier ministre, Abiy Ahmed, a réitéré son intention de remplir l’énorme barrage dont la capacité totale est de 74 milliards de mètres cubes, dès le mois de juillet 2020.
L’Éthiopie est déterminée à engager une révolution énergétique à travers son gigantesque projet hydroélectrique sur le Nil. Le grand barrage de la renaissance éthiopienne (GERD), dont le remplissage nécessite 74 milliards de mètres cubes, est annoncé comme étant la plus grande installation hydroélectrique d’Afrique, grâce à une capacité de 6 000 mégawatts. Outre la production et l’exportation de l’électricité, ce barrage devra permettre à l’Éthiopie de développer l’agriculture irriguée, quasi inexistante avec pour conséquence seulement 3 % du territoire couvert par des surfaces agricoles.
Lors de la célébration du neuvième anniversaire du lancement des travaux de construction de ce barrage, le 1er avril 2020, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a maintenu le calendrier des travaux, notamment le remplissage du barrage, qui devraient commencer en juillet 2020. « L’épidémie actuelle de coronavirus ne devrait pas nous empêcher de terminer le projet », a-t-il ajouté, avant de souligner le symbole que représente cet ouvrage. « Pour nous c’est la seconde chose la plus importante après la vie humaine », a déclaré le Premier ministre Abiy Ahmed, qui a par ailleurs dépêché des troupes militaires pour sécuriser les ouvriers engagés sur le chantier.
Le problème de l’Égypte
Cette réaffirmation de l’inflexible volonté de l’Éthiopie concernant la poursuite des travaux de construction de son barrage sur le Nil aura certainement accru les tensions avec l’Égypte. Ce pays d’Afrique du Nord, situé en aval du Nil, et qui dégage plus de 95 % de ses ressources en eau de ce fleuve, craint en effet que le barrage éthiopien, construit en amont du fleuve, réduise son flux, du moins pendant la phase de remplissage. Et ce d’autant plus que la médiation américaine entre les trois pays ayant en partage les eaux du Nil a échoué. Addis Abeba a refusé, malgré les injonctions américaines, de parafer l’accord signé par l’Égypte le 29 février 2020 à Washington.
La discussion portait essentiellement sur la durée de remplissage du barrage. L’Éthiopie veut y parvenir en moins de 7 ans alors que l’Égypte exige une durée plus longue pour maintenir le débit du Nil.
Face à cette montée des tensions entre l’Éthiopie et l’Égypte, leur voisin commun a proposé sa médiation à lui. Mais le Caire ne fait pas confiance à une médiation soudanaise, sachant que ce pays tire également d’énormes avantages de la construction du barrage de la renaissance, notamment, l’annulation des inondations sur son territoire, grâce à une meilleure maîtrise du débit du Nil. Le pays profitera aussi d’une électricité bon marché, issue d’un barrage situé à 25 kilomètres de sa frontière avec l’Éthiopie.
Boris Ngounou