Un barrage d’approvisionnement en eau sortira bientôt de terre à Mekaneselam, une ville située dans le woreda de Borena à Amhara, la deuxième région la plus peuplée de l’Éthiopie. Le gouvernement fédéral de l’Éthiopie et les partenaires de l’Alliance, un regroupement de deux organisations, notamment Bioversity International et le Centre international d’agriculture tropicale (Ciat), ont récemment déclaré qu’ils mettraient en œuvre un projet d’eau de 32 millions de dollars (plus de 1 milliard de birrs éthiopiens) dans la ville elle-même. Une équipe technique, dirigée par l’Alliance et les experts de l’Université de Mekelle en Éthiopie, élabore actuellement un « plan directeur du paysage » détaillé et intégré, pour une mise en œuvre du projet en 2020. Elle continuera à mettre à jour et à améliorer les plans en continu à partir de cette date.
Le barrage d’approvisionnement en eau de Mekaneselam permettra de mieux approvisionner les populations de la région d’Amhara en général et de la ville de Mekaneselam en particulier, en eau potable. Mekaneselam compte environ 100 000 habitants. Plusieurs puits souterrains y ont été creusés, mais leur rendement reste insuffisant pour soutenir le développement de la ville. La situation pourrait encore se dégrader avec une augmentation annuelle de la population prévue d’environ 7 % et un fort potentiel d’expansion des industries, des universités et d’autres services.
Outre l’approvisionnement en eau, le barrage offrira l’avantage connexe de permettre l’irrigation des plantations et réduira ainsi le risque de sécheresse pour les petits exploitants agricoles des zones en aval. Il constituera également une source de revenus puisqu’il est prévu qu’il soit un centre touristique et de loisirs pour la population locale.
Évolution du projet d’eau de Mekaneselam
Le projet de barrage d’approvisionnement en eau de Mekaneselam commence à prendre forme en juin 2018. L’équipe technique réalise une étude de préfaisabilité globale, évaluant le cadre géotechnique et géohydrologique de la région d’Amhara et l’état de l’approvisionnement en eau de la ville de Mekaneselam. Cette descente sur le terrain est organisée par l’Université de Wollo, l’Université de Mekdela Amba et l’administration de la ville de Mekaneselam. Il en ressort que les ressources en eaux souterraines de la région sont insuffisamment exploitées alors que leur potentiel est élevé.
Une deuxième étude a ensuite été initiée. Celle-ci visait à évaluer l’hydrologie du bassin versant et de l’ensemble des ressources en eau de surface disponibles, ainsi que de la disponibilité des matériaux de construction. Grâce à cette nouvelle étude, l’équipe technique a réussi à identifier un site approprié pour un barrage d’approvisionnement en eau répondant aux qualités techniques requises (ruissellement adéquat, bonne fondation, site de déversoir approprié, culées stables, et matériaux de construction appropriés et suffisants pour le barrage, les structures annexes et les infrastructures). « D’un point de vue hydrologique, le site proposé reçoit une très forte pluviométrie et est dominé par des herbes afroalpines typiques (guassa), ce qui entraîne un ruissellement important ainsi qu’une eau de qualité qui peut réduire le coût du traitement de l’eau potable », expliquait alors Wuletawu Abera, l’hydrologue paysagiste à l’Alliance.
Suite à cette découverte, le gouvernement régional d’Amhara a décidé d’allouer 1 million de dollars (plus de 33,2 millions de birrs éthiopiens) à l’équipe pour une étude de faisabilité détaillée des sites identifiés par l’équipe de l’Alliance. C’est l’Amhara Design And Supervision Works Enterprise (ADSWE) qui a entrepris l’analyse de faisabilité. Après avoir mené l’étude détaillée du site, l’ADSWE a approuvé l’emplacement proposé par l’équipe de l’Alliance et a ainsi donné son feu vert pour la construction du barrage.
Aujourd’hui, les populations craignent que le futur barrage d’approvisionnement en eau de Mekaneselam ne soit affecté par les sédiments, en raison de la forte érosion dans certaines parties en amont du bassin versant. Pour résoudre ce problème, l’équipe technique dirigée par l’Alliance a contacté les partenaires concernés pour commencer les travaux de restauration du paysage avant la fin de la construction du barrage.
Inès Magoum