Le gouvernement éthiopien travaille actuellement sur une formule de tarification pour les systèmes d’énergie hors réseau. Son but est d’accélérer l’accès à l’électricité à travers cette formule, tout en encourageant les fournisseurs d’off-grids solaires à investir.
Fournir l’accès à l’électricité à l’ensemble de la population. C’est l’objectif de la plupart des gouvernements africains. Mais il ne peut souvent pas être atteint en s’appuyant uniquement sur les réseaux nationaux de distribution d’électricité. Cette solution est onéreuse et peu rentable dans les zones rurales où la densité est faible et les maisons éloignées les unes des autres. En Afrique de l’est, particulièrement en Éthiopie, le gouvernement compte donc sur l’off-grid solaire pour électrifier les zones rurales.
De nombreuses entreprises fournissement cette solution dans les villages. Mais elles rencontrent souvent des difficultés à facturer l’électricité en fonction de la consommation du client, mais surtout concernant les investissements à consentir. Le gouvernement éthiopien veut les aider. Il travaille actuellement sur une formule qui permettra de calculer les tarifs d’électricité pour les off-grids solaires.
Selon Hizkyas Dufera, conseiller principal du ministère éthiopien de l’Eau, de l’Irrigation et de l’Énergie, le but est de « rendre financièrement viable le développement de l’off-grid en Éthiopie ». Une formule de calcul appliquée par les fournisseurs d’off-grid permettrait aussi au gouvernement de vérifier les tarifs d’électricité appliqués aux consommations. Et, si les tarifs applicables sont trop élevés, le gouvernement envisage de subventionner les fournisseurs d’off-grids en contribuant aux dépenses d’investissement. Le but est de motiver les bailleurs de fonds qui soutiennent les projets d’off-grids solaires, en réduisant les coûts pour les consommateurs.
L’importance de l’off-grid dans le contexte actuel en Éthiopie
L’Éthiopie a réalisé des progrès importants sur le plan économique ces dernières années. Le pays est en passe de devenir l’usine du continent africain avec de nombreuses entreprises occidentales et asiatiques qui délocalisent leur production en Éthiopie, profitant d’une main-d’œuvre bon marché et, pour certaines, avec l’ambition de conquérir le marché dynamique de l’Afrique de l’Est. Mais pour soutenir durablement un tel développement, l’Éthiopie a cruellement besoin d’électricité.
Or, les autorités misent sur les énergies renouvelables en développant de grands projets, comme le barrage de Grande Renaissance (6 000 MW), en exploitant l’énergie géothermique, avec par exemple un projet en cours de développement à Tulu Moye. Le solaire n’est pas en reste avec un projet de développement d’une capacité de près de 800 MW dans le cadre du programme « scaling solar » de la Banque mondiale. Même si l’industrialisation est au centre de cette politique de développement, l’approvisionnement des populations en électricité reste un objectif important. Actuellement, 55 % d’Éthiopiens n’ont toujours pas accès à l’électricité. Le gouvernement vise l’accès universel d’ici 2025. Mais il veut approvisionner 65 % à partir du réseau national d’électricité et les 35 % restant via l’off-grid. D’où la nécessité d’une stratégie de calcul de tarifs d’électricités qui rende les investissements viables pour les entreprises qui fournissent les systèmes hors réseau.
Jean Marie Takouleu