Exploitation pétrolière : le destin du parc de Conkouati-Douli est-il scellé ?

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Exploitation pétrolière : le destin du parc de Conkouati-Douli est-il scellé ? © GUDKOV ANDREY/Shutterstock

Alors que le Congo veut augmenter sa production d’énergies fossiles, un collectif d’organisation non gouvernementale (ONG) de protection de la nature tire la sonnette d’alarme sur la situation du parc national de Conkouati-Doulo. La plus grande réserve de biodiversité du Congo fera l’objet de forage pétrolier.

Après le parc national de Murchison Falls en Ouganda, c’est autour de Conkouati-Douli de payer les frais de l’exploitation pétrolière. Les autorités congolaises ont en effet décidé en début d’année 2024 d’accorder des permis d’exploration d’un gisement de pétrole sur 26 % de la superficie de ce parc national à la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) et à Congo Holding United, une entreprise détenue majoritairement par China Oil Natural Gas Overseas Holding United.

Une décision qui suscite une levée de boucliers de la part d’organisations de défense de l’environnement à l’instar d’Earth Insight et de Greenpeace qui se sont jointes à 13 organisations non gouvernementales (ONG) congolaises pour « demander aux bailleurs de fonds de suspendre le financement de la conservation du parc jusqu’à ce que le permis d’exploitation du pétrole et du gaz soit annulé ».

Une décision controversée

Une position très ferme alors que le gouvernement congolais a signé un accord de protection des forêts de 50 millions de dollars avec les donateurs lors de la COP28 à Dubaï aux Émirats arabes unis. « La décision d’autoriser l’exploration pétrolière dans le bloc de Conkouati constitue une menace directe pour les forêts tropicales et la biodiversité que le gouvernement de la République du Congo et la communauté internationale, les donateurs et des défenseurs de l’environnement se sont engagés à protéger », regrette Stella Tchoukep, chargée de campagne Forêts à Greenpeace Afrique.

Lire aussi- CONGO : le parc de Conkouati-Douli bénéficie d’une extension marine de 2 900 km2

Pour cette défenseure de l’environnement, « en ouvrant le parc national de Conkouati-Douli aux activités extractives, des paysages essentiels risquent d’être dégradés et fragmentés, mettant en péril les services écosystémiques qu’ils fournissent et les moyens de subsistance locaux qui en dépendent ». Abritant des écosystèmes côtiers, marins et forestiers sur 5 000 km2, le parc national de Conkouati-Douli est un véritable refuge pour la biodiversité dans le bassin du Congo.

Le risque pour les populations locales

Le parc créé par décret présidentiel en 1999 comprend entre autres, un site Ramsar (une zone humide d’importance internationale selon la Convention de Ramsar), abrite des espèces sauvages menacées, notamment le gorille de plaine occidentale, le chimpanzé, la tortue luth et l’éléphant de forêt. En outre, le bloc pétrolier de Conkouati couvre une zone d’habitation d’au moins 7 000 personnes qui devraient subir les impacts environnementaux du pompage du pétrole brut à l’intérieur du parc.

Conkouati-Douli est cogéré depuis avril 2021 par l’ONG française Parcs de Noé et le gouvernement congolais qui a signé un accord de cogestion dans les années antérieures avec l’organisation américaine Wildlife Conservation Society (WCS). La préservation de la biodiversité du parc est soutenue par l’Union européenne (UE) et l’Agence française de développement (AFD).

Jean Marie Takouleu 

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