Parmi les nouveaux axes de coopération entre l’Italie et l’Afrique figure désormais l’hydrogène vert. Le continent africain dispose d’un fort potentiel pour le développement de cette filière naissante, même si elle est déjà remise en question, au même titre que l’exploitation d’autres ressources naturelles en Afrique, notamment le pétrole. L’Italie y jouera un rôle au cours des prochaines années.
Lors du sommet Italie-Afrique qui vient de s’achever à Rome, le président tunisien Kaïs Saïed a plaidé pour la mise en place d’un « pont de croissance commun » dans plusieurs secteurs, notamment les énergies renouvelables et l’hydrogène vert. Cette filière naissante figure dans la stratégie à croissance du ministère tunisien de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie qui table sur une capacité annuelle de 8,3 millions de tonnes par an d’ici à 2050. Pour l’heure, le pays d’Afrique du Nord peine à assurer sa transition énergétique et à se passer du gaz qui permet de produire 97 % dans son électricité.
Dans le cadre de cette stratégie d’intégration de la filière hydrogène vert, l’Italie pourrait jouer un rôle important, notamment à travers son plan d’investissement de 5,5 milliards d’euros annoncé à l’issue du sommet de Rome. Cet engagement est pris au moment où l’Italie envisage de poser une conduite pour acheminer l’hydrogène vert produit au Maroc vers le marché européen, en passant par la Méditerranée.
Le « corridor vert »
Cette proposition de la députée italienne Debora Serracchiani a été approuvée par Rome dans le cadre de son Plan Mattei, du nom du fondateur de la compagnie d’hydrocarbures Eni, dans le but de redéfinir le partenariat entre l’Italie et l’Afrique, loin d’une approche « paternaliste » et « prédatrice » adoptée jusqu’ici par certaines puissances sur le continent. Ce « corridor vert » comme le présente le gouvernement italien devrait transporter l’hydrogène du port marocain de Tanger vers le port de Trieste en Italie d’où l’énergie sera distribuée en Europe centrale et orientale à travers l’oléoduc transalpin.
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« Nous concrétisons l’accord de coopération récemment signé entre l’Autorité portuaire de l’Adriatique orientale et l’Autorité portuaire de Tanger (TangerMed) », indique Debora Serracchiani. Mais il faut inscrire cette collaboration sur le long terme puisque l’hydrogène ne sera produit à grande échelle que d’ici à 2030 ou 2035, selon les spécialistes du secteur de l’énergie.
La stratégie de diversification d’Eni
Pour l’heure, le Maroc essaie de diversifier ses partenariats pour le développement de l’hydrogène vert, notamment avec le Portugal et l’Allemagne, mais aussi avec plusieurs multinationales du secteur de l’énergie à l’instar de la française Total Eren qui veut y investir 9 milliards d’euros d’ici à 2030.
Pour sa part, le géant italien des hydrocarbures Eni a signé un accord avec les entreprises publiques Egyptian Electricity Holding Company (EEHC) et Egyptian Natural Gas Holding Company (Egas). L’entente porte sur l’étude des projets conjoints visant à produire de l’hydrogène vert, à l’aide d’électricité produite à partir de sources renouvelables, et de l’hydrogène bleu, par le stockage de CO2 dans des gisements de gaz naturel épuisés.
Le groupe s’est également allié à l’énergéticien saoudien Acwa Power pour la recherche et le développement (R&D) de cette nouvelle filière. L’entreprise saoudienne multiplie des accords dans le domaine de l’hydrogène vert et ses dérivés en Afrique, principalement en Égypte et en Afrique du Sud, les deux pays du continent africains qui affichent un certain dynamisme dans le développement et la production des énergies renouvelables.
Jean Marie Takouleu