Selon les chiffres de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), les pays en développement ont reçu 115,9 milliards de dollars de financement climatique en 2022, atteignant ainsi l’objectif fixé à Copenhague au Danemark. Cependant, les besoins de financement de l’adaptation explosent, principalement en Afrique.
Au moins 80 % des 115,9 milliards de dollars investis pour le climat en 2022 ont été mobilisés par les fonds publics, provenant des canaux bilatéraux et multilatéraux. Ce chiffre émane du Climate Finance Provided and Mobilised by Developed Countries in 2013-2022, la septième évaluation de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) sur l’objectif de 100 milliards de dollars par an de financement climatique fixé par la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) lors de la COP15 de Copenhague (au Danemark) en 2009.
Les pays occidentaux n’ayant pas tenu parole, l’objectif a finalement été déplacé de 2020 à 2025. « Il est bon de voir que les pays développés ont dépassé l’objectif de 100 milliards de dollars en 2022. Le fait de dépasser matériellement cet engagement annuel de plus de 15 % est une réalisation importante et symbolique qui compense en partie le retard de deux ans, ce qui devrait contribuer à renforcer la confiance », affirme Mathias Cormann, le secrétaire général de l’OCDE.
L’augmentation du financement public
Selon l’évaluation publiée le 29 mai 2024, le financement multilatéral pour le climat a le plus progressé, avec une augmentation de 35 milliards de dollars, soit 226 %, depuis 2013. La croissance des financements publics en 2022 s’est accompagnée d’un bond de 52 %, soit 7,5 milliards de dollars, des financements privés mobilisés, qui ont atteint 21,9 milliards de dollars en 2022 après plusieurs années de relative stagnation.
Le rapport note également une augmentation des financements destinés aux actions d’adaptation au changement climatique. Après une légère baisse en 2021, le financement de l’adaptation a atteint 32,4 milliards de dollars en 2022, soit trois fois le niveau de 2016. Le montant du financement public de l’adaptation suivi par l’OCDE en 2019 était de 18,8 milliards de dollars et de 20,3 milliards de dollars.
Le déficit de financement dans les pays à faible revenu
Cependant, les financements climatiques destinés aux pays à faible revenu sont restés relativement faibles (10 % en 2022). Toutefois, les pays les moins avancés (PMA) et les petits États insulaires en développement (PEID) ont bénéficié d’un montant de financement pour l’adaptation plus important (environ 50 %) que la moyenne de l’ensemble des pays en développement (25 %).
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Ce progrès observé en 2022 est à nuancer, à la lumière de la multiplication des phénomènes climatiques de plus en plus extrêmes dans le Sud global, principalement en Afrique. Après cinq années de sècheresse, la corne de l’Afrique vit par exemple actuellement au rythme des inondations qui ont déjà fait plus d’une centaine de morts au Kenya. Il y a également cette vague de chaleur extrême qui touche particulièrement le Sahel, avec de nombreux décès engendrés par les coupures d’électricité au Mali.
Des besoins sous-évalués
Si les scientifiques attribuent ces vagues de chaleur au phénomène météorologique El Niño, son intensité est exacerbée par le changement climatique. Face à ces catastrophes, les pays affectés ont besoin de davantage de financements pour l’adaptation et la résilience de leurs populations. Pour Tosi Mpanu Mpanu, l’ambassadeur Climat de la République démocratique du Congo (RDC), l’objectif de 100 milliards de dollars par an n’est plus en adéquation avec les besoins grandissants des pays africains.
Pour mettre en œuvre leurs contributions déterminées au niveau national (CDN), les États du continent auront besoin de 2 800 milliards de dollars d’ici à 2030. « C’est pourquoi, il y a maintenant, une discussion assez sensible sur le Nouvel objectif collectif quantifié sur le financement de la lutte contre le changement climatique (NCQG) qui vise à adopter un nouveau chiffre d’ici à 2025. Il ne faut pas que ce soit un objectif politique, mais un objectif en adéquation avec les besoins des pays africains », avait expliqué le négociateur Tosi Mpanu Mpanu dans un entretien accordé à Afrik21 à la veille de la COP28 à Dubaï aux Émirats arabes unis (EAU).
Jean Marie Takouleu
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