La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) approuve la demande d’adhésion du Sénégal et du Ghana. Cette validation s’inscrit dans le cadre de la stratégie d’expansion « progressive » de la banque dans les pays de l’Afrique subsaharienne.
Le Conseil des gouverneurs de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) approuve de nouvelles demandes d’adhésion. Parmi les nouveaux membres de la banque basée à Londres (au Royaume-Uni) figure le Sénégal et le Ghana, deux pays d’Afrique de l’Ouest avec des contextes politique, économique et social bien différents.
Bien que traversant une zone de turbulence politique après le report très contesté de la présidentielle initialement prévue en février 2024, le Sénégal devrait connaitre une croissance de son produit intérieur brut (PIB) de 10 % en 2024 selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale. Cette croissance est dopée par le début de la production pétrogazière dans ce pays peuplé d’un peu plus de 18 millions d’habitants.
De son côté, le Ghana fait face depuis l’été 2022, à une crise de sa dette qui a conduit le FMI à intervenir pour un 17e plan de soutien de 3 milliards de dollars approuvé en mai 2023. Selon les prévisions, le PIB devrait chuter de 3,3 % en 2023 à 2,8 % en 2024.
Des « exigences préalables »
Toutefois, les deux pays ont les mêmes objectifs en rejoignant le Bénin et la Côte d’Ivoire à la Berd. Mais ils devront attendre avant de pouvoir bénéficier de cette adhésion demandée en octobre 2023. Car, « les deux pays devront satisfaire à certaines exigences préalables à l’adhésion avant que le processus ne soit achevé », indique la Berd. Sur la demande du Ghana et du Sénégal de bénéficier de services financiers, la banque assure qu’elle « traitera une fois que les amendements statutaires seront en vigueur ».
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Pour Odile Renaud-Basso, la présidente de la Berd, la validation de l’adhésion des deux pays ouest-africains s’inscrit dans le cadre de « la décision historique de nos gouverneurs, l’année dernière, sur l’expansion future des opérations de la banque dans les pays d’Afrique subsaharienne ». La banque est déjà active en Afrique du Nord, principalement au Maroc, en Tunisie et en Égypte. Rien que dans le pays des pharaons, la Berd a financé 11 milliards d’euros à travers 174 projets depuis le début de ses opérations en 2012.
Une stratégie axée sur le secteur privé
Au Sénégal et au Ghana, « notre objectif sera de contribuer à libérer le potentiel du secteur privé de ces pays, de créer des emplois et de soutenir le développement durable », ajoute la présidente de la Berd. Dans d’autres pays africains, la Berd soutient notamment les partenariats public-privé (PPP) qui ont dynamisé le secteur des énergies renouvelables en Égypte. La Berd fait ainsi partie des partenaires financiers du complexe solaire de Benban (1 650 MWc), une mosaïque de parcs solaires situés dans le gouvernorat égyptien d’Assouan.
Récemment encore, la banque a participé à la clôture financière d’un parc éolien de 500 MW en construction actuellement dans le golfe de Suez par l’énergéticien français Engie, en partenariat avec le fleuron égyptien Orascom Construction, ainsi que les investisseurs japonais Toyota Tsusho Corporation et Eurus Energy Holdings Corporation. Outre l’énergie, le Sénégal et le Ghana veulent relever les défis de l’eau et l’assainissement, la mobilité urbaine, la sécurité alimentaire, l’éducation, la santé, etc.
Jean Marie Takouleu