FORUM EUROPE-AFRIQUE: un avenir commun pour le développement durable

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FORUM EUROPE-AFRIQUE : un avenir commun pour le développement durable @La Tribune

Sécurité alimentaire, gestion durable de l’eau, efficacité énergétique, et connectivité numérique. Ce sont les grands sujets qui étaient au cœur du deuxième Forum Europe-Afrique qui s’est refermé le 16 mai 2023 dans la ville française de Marseille. Face à l’urgence climatique qui transcende les rives de la Méditerranée, l’évènement dont Afrik 21 est partenaire a permis aux acteurs politiques et économiques des deux continents de mutualiser leurs stratégies de résilience.

L’Afrique et l’Europe chemineront ensemble vers la transition écologique. C’est la substance du Forum Europe-Afrique qui s’est tenu du 15 au 16 mai 2023 à Marseille, la deuxième ville de France. Parmi les principales thématiques au menu de la rencontre figurent l’urgence climatique, la collaboration entre l’Union européenne (UE) et l’Union africaine (UA) en matière d’énergies renouvelables, l’agriculture, la place du numérique dans la croissance verte, etc.

Pour sa deuxième édition, l’évènement a mobilisé des décideurs politiques, des opérateurs économiques, les collectivités territoriales ainsi que les universitaires des deux continents pour repenser les défis du développement durable. Il s’agit par exemple d’Alain Richard Donhawi, le président de la 15e Conférence des parties des Nations unies sur la désertification (COP15). Celui qui a été par ailleurs ministre des Eaux et forêts de la Côte d’Ivoire a présenté aux nombreux participants, les solutions expérimentées dans son pays pour riposter aux effets du changement climatique, notamment les « briques de terres compressées » (BTC). Cette approche « innovante » utilisée pour la construction des écoles, des marchés et d’autres édifices publics permet « la création d’emplois pour les jeunes, améliore la qualité du paysage en milieu urbain et garantis un confort de température », a-t-il expliqué au Palais Pharo qui abritait les assises du Forum Europe-Afrique. À cela s’ajoute la mise en place des forêts régionales dans chaque grande ville ivoirienne grâce au Plan de reforestation national qui vise le reboisement de 3 millions d’hectares de terres d’ici à 2030. Seulement, ces différentes initiatives qui s’attaquent à la sècheresse ne suffiront pas à contrer d’autres réalités comme la pollution atmosphérique générée par les véhicules thermiques ou encore la gestion anarchique des déchets. Ainsi, la sensibilisation perpétuelle des populations à « emprunter les transports en commun et à effectuer le tri sélectif des ordures ménagères » serait une solution pour le développement des villes durables tant en Afrique que sur le vieux continent, selon Martine Vassal. La présidente du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône a d’ailleurs promis 100 000 euros aux start-up africaines axées sur l’économie verte, notamment la transition énergétique.

La diversification du mix électrique : entre atouts et controverse

La question est vitale pour environ 650 millions d’Africains qui n’ont pas encore accès à l’énergie, selon les estimations de la Banque mondiale. Mais la promesse d’Ibrahim Yacouba, le ministre nigérien en charge des Énergies renouvelables d’accélérer l’électrification en misant d’avantage sur les énergies propres est un signe d’espoir pour un avenir plus durable. Ainsi, l’expérience européenne se révèle d’une grande utilité notamment pour la formation des ingénieurs (pour la construction des centrales solaires photovoltaïques et la fabrication des câbles) et la fourniture des équipements tels que les onduleurs, selon Myriam Fournier Kacimi qui dirige SunGy, un fournisseur de solutions énergétiques basé en Algérie.

Cette coopération est essentielle dans la mesure où les populations ont besoin d’électricité dans l’ensemble des activités, notamment l’éducation et la santé, d’après l’ancien premier ministre béninois Lionel Zinsou.  Si la France a mal vécu l’autorisation du gouvernement de l’Allemagne à « relancer la production de 27 centrales à charbon » d’août 2022 jusqu’en mars 2024, les conséquences énergétiques de la guerre en Ukraine ont davantage conforté certains pays africains à recourir aux énergies fossiles. Et puisque la transition énergétique prônée par l’Europe est coûteuse, l’heure est à la quête des financements pour amorcer la construction de grandes centrales solaires et de nouveaux barrages hydroélectriques face à la vétusté de nombreuses centrales thermiques (gaz et pétrole) sur le continent.  Ainsi, les panélistes du Forum Europe-Afrique ont accordé leurs violons sur la souveraineté énergétique de chaque pays de la planète.

Quid de l’eau et de la sécurité alimentaire ?

Les derniers épisodes d’inondations notamment en République démocratique du Congo (RDC) et au Rwanda, ainsi que les sècheresses prolongées dans la Corne de l’Afrique remettent au goût du jour le problème de l’insécurité alimentaire. En effet, ces aléas climatiques en plus d’être meurtriers mettent à mal les moyens de subsistance des populations, principalement en milieu rural. Face à cette situation qui concerne aussi les Européens, car eux-mêmes en proie aux phénomènes extrêmes, le Forum Europe-Afrique a nourri les échanges entre les entreprises agricoles invitées à Marseille. La coopération entre les deux continents devra porter essentiellement sur la cartographie des sols, les nouvelles techniques d’irrigation notamment via le solaire, surtout que le conflit entre la Russie et l’Ukraine perturbe les approvisionnements alimentaires au niveau mondial. Il y va pourtant du deuxième objectif de développement durable des Nations unies (ODD2) qui préconise une agriculture durable, martèlent Karim Ait Talb le directeur général du groupe français Geocoton et la Camerounaise Charlotte Libog  à la tête du Think Tank l’Afrique Grenier du Monde.

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Si l’agriculture est perçue comme l’une des clés du développement économique aujourd’hui, elle ne peut être dissociée du domaine de l’eau. En effet, une meilleure coopération transcontinentale permettrait une offensive efficace face au stress hydrique qui diminue les récoltes en Europe tout comme en Afrique où les données hydrologiques varient d’une sous-région à l’autre. Cela passe par exemple par la conservation des espaces naturels (tourbières, zones humides) pour garantir une meilleure qualité de l’eau, ainsi que l’exploitation écoresponsable des eaux souterraines qui constituent une ressource fondamentale pour la consommation humaine. Au micro de Delphine Chêne la présidente d’Afrik 21 qui dirigeait ce débat très important pour l’avenir des deux continents, Juste Désiré Mondele, le ministre de la Décentralisation et du Développement local de du Congo-Brazzaville a relevé d’autre part l’urgence de la décentralisation « afin que les municipalités contribuent à une gestion rationnelle de l’eau ».

La connectivité numérique au secours de la croissance verte

Toutes ces réflexions porteront leurs fruits grâce à l’intégration de l’innovation technologique. C’est en tout cas l’avis de la Franco-Gabonaise Stéphanie Selena Souah qui à travers sa start-up Revolution’Air basée à Kigali au Rwanda espère connecter le maximum d’Africains au digital. De tels projets axés sur l’économie numérique et verte devraient bénéficier bientôt de l’appui technique et financier de l’UE pour favoriser la création d’emplois notamment pour les femmes. En rappel, seulement 46 % de la population en Afrique a accès à internet, contre 95 % en Europe selon une étude conjointe de Hootsuite et de l’agence We Are Social.

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Benoit-Ivan Wansi

 

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