Au Gabon, pays d’Afrique centrale, le gouvernement lance un programme d’installation annuelle de 50 barrières électriques alimentées par l’énergie solaire autour des parcs. Le projet vise à protéger les exploitations agricoles régulièrement attaquées par les éléphants des aires protégées.
Le Plan national de gestion du conflit homme-faune (PNGCHF) du Gabon reprend vie. Après plus de deux années d’hibernation, l’initiative lancée en 2016 renaît sous la forme d’un programme gouvernemental de construction de barrages électriques autours des aires protégées. Selon Christian Mbina, directeur de la communication de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN), il s’agit, pour le Gabon et ses partenaires, d’ériger chaque année, 50 nouvelles barrières électriques. « C’est un objectif national. Nous allons le faire. », a soutenu Christian Mbina au cours d’une conférence de presse, qui se tenait le 6 mars 2019 à Libreville, capitale du Gabon. Ces barrières, construites aux abords des exploitations agricoles, situées autour des 11 parcs nationaux que compte ce pays, seront alimentées à partir de panneaux solaires. L’animal qui essaiera de rejoindre les cultures recevra automatiquement une décharge électrique, précise l’ANPN.
La reprise du PNGCHF est motivée par la récurrence des conflits homme-faune, observés dans des zones limitrophes des réserves fauniques. Vivant désormais non loin de l’habitat humain, des pachydermes protégés par la loi détruisent régulièrement de vastes étendues de champs, principal moyen de subsistance des villageois. Le phénomène, dénoncé par les communautés riveraines, est observé sur presque toute l’étendue du territoire gabonais, recouvert à 85 % par la forêt.
Un plan inspiré du modèle kényan
Le Plan national de gestion du conflit homme-faune (Pngchf) est une déclinaison du modèle Kenyan où la construction des barrières électriques a fait ses preuves dans les réserves animalières depuis de nombreuses années. D’ailleurs, pour mettre en œuvre son plan, le Gabon bénéficie de l’expertise d’une ONG kenyane. À ce jour, dix barrières électriques ont déjà été installées dans les environs du parc national de la Lopé à l’est du Gabon. Notamment à Kazamabika, un village situé dans la province de l’Ogooué Ivindo, qui a eu la primeur d’abriter la première barrière électrique au Gabon. « À la Lopé, les paysans ont repris leur production agricole et nourrissent toutes les populations locales y compris les conservateurs du parc », a indiqué le directeur de la communication l’ANPN. Plusieurs autres localités, dont Mikongo au centre du pays, ont bénéficié de cette protection.
A travers le PNGCHF, le Gabon se conforme à la résolution de l’ONU sur la « lutte contre le trafic des espèces sauvages » dont le pays fut, en juillet 2015, l’un des principaux artisans. Selon les pouvoirs publics, ce plan constitue également un moyen efficace pour combattre le braconnage en rapprochant les villages des forêts.
Boris Ngounou