Les produits vivriers, tels que les légumes, les tubercules et les fruits, arrivés en état de putréfaction, faute de n’avoir pas pu être écoulés par les commerçantes, vont devenir de plus en plus rares dans les poubelles de Libreville. Car des initiatives se multiplient pour transformer ces produits agricoles périssables. La dernière en date a eu lieu le 28 janvier 2019.
Une quinzaine de commerçantes, venues des marchés de Charbonnages et d’Okala, dans le troisième arrondissement de Libreville, ont bénéficié d’un atelier de formation d’un jour, sur la conservation des produits alimentaires et la fabrication des produits de transformation, notamment les confitures et les boites de conserve.
L’objectif est d’éviter le gaspillage et les pertes, notamment celles dues aux marchandises invendues. « Nous permettons à ces femmes de pratiquer leur commerce différemment. Parce que j’avais constaté qu’elles jetaient beaucoup les denrées non vendues. Pour ces femmes qui ont un faible capital, une faible marge, jeter les aliments devenait problématique pour la survie de leur commerce. Grâce à cette activité, elles ont appris à les transformer pour en jeter moins et avoir une meilleure rentabilité de leur activité commerciale » a déclaré Sandrine Itou-Y-Maganga, la présidente de Women of africa, l’ONG initiatrice de la formation.
Cette formation s’ajoute à celles, du même ordre, déjà entreprises depuis 2016 au Gabon par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Selon l’organisation, 1,3 milliard de tonnes de produits alimentaires sont gaspillées chaque année dans le monde. Cette grande quantité de nourriture envoyée à la poubelle représente un tiers de tout ce qui est produit sur Terre. Ce qui est d’autant plus révoltant que dans le même temps, 870 millions de personnes souffrent de malnutrition et que la production ainsi jetée génère 8 % des émissions de gaz à effet de serre.
Les commerçantes pratiquent aussi les 3 R (réduire, recycler et réutiliser)
Un autre module de la formation des commerçantes gabonaises a porté sur la protection de l’environnement au niveau de leur activité. « Il fallait aussi les initier à la préservation de l’environnement à travers de petites actions. On n’a pas forcément besoin de commencer par des tonnes d’emballages, mais on peut commencer petit, à travers le recyclage et la réutilisation de ce dont utilise tous les jours. C’est cela, la mise en pratique les 3 R (réduire, recycler et réutiliser) » explique Juliette Bengone, la responsable de la formation, par ailleurs, présidente de l’ONG Jeunesse et environnement.
L’implémentation des 3 R auprès des commerçantes gabonaises s’explique, dans la mesure où le pays fait face à un envahissement des espaces publics par les déchets plastiques. La forte consommation des produits manufacturés, que soutient la croissance démographique dans les grandes villes gabonaises, l’approvisionnement, et l’utilisation massive d’articles en plastique contribuent à la production effrénée de déchets plastiques. La production quotidienne de déchets plastiques est estimée à plus de 250 tonnes, répartie entre Libreville et Port-Gentil.
Boris Ngounou