Les autorités gabonaises redoublent de vigilance dans l’application de la loi faunique, notamment le décret n° 0162/PR/MEF du 19 janvier 2011 déterminant les modalités de constatation et de répression de certaines infractions en matière d’eau et de forêt. Une présumée trafiquante vient de tomber sous le coup de ce décret, et devra s’expliquer devant la justice.
Difficile pour l’heure de savoir si l’intéressée était consciente des risques liés à la possession des deux primates. Il s’agit d’un bébé chimpanzé et d’un cercopithèque moustac appelé plus communément « queue rouge ». Avant leur saisie par les autorités, les deux animaux ont passé près de trois semaines en détention illégale chez la suspecte, à Koumameyong, localité située au nord-est du Gabon. L’opération ayant abouti à l’arrestation de cette dernière a été menée par une équipe mixte composée des agents de l’antenne de la Police judiciaire de Makokou, de la Direction provinciale des eaux et forêts de l’Ogooué-Ivindo et de la Direction de la lutte contre le braconnage (DLCB) appuyée techniquement par Conservation Justice, une organisation non gouvernement (ONG) œuvrant pour l’application de la loi faunique.
Risque d’exposition aux zoonoses
La détention des animaux sauvages en captivité soulève en effet un risque grave d’exposition à des maladies zoonotiques, c’est-à-dire transmises par les animaux. En préservant la faune sauvage dans son écosystème originel, la santé humaine est protégée des risques de pandémie comme Ebola, une épidémie encore mal maitrisée en Afrique centrale. La tuberculose peut également être transmise à travers les singes.
Et les épidémies de virus émergents liés aux zoonoses sont de plus en plus responsables de maladies, comme le coronavirus ou encore la variole du singe. Dans un récent rapport, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) déclare près de 1 400 cas de variole du singe dans sept pays d’Afrique, à savoir le Cameroun, la République centrafricaine (RCA), la République démocratique du Congo (RDC), le Libéria, le Nigéria, la République du Congo et la Sierra Leone.
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« Cela devrait attirer plus de surveillance épidémiologique et surtout renforcer les moyens de dissuasion pour décourager les pratiques de capture et de détention d’espèces sauvages. Il est en tout cas capital que la population soit informée des risques et évite les contacts rapprochés avec les primates, qu’il s’agisse des petits singes (cercopithèques, cercocèbes, colobes, mandrills, mangabeys) ou des grands singes (chimpanzés, gorilles). », préconise Conservation Justice.
Boris Ngounou