Le Gabon révolutionne la lutte contre la criminalité faunique en Afrique centrale. Le pays vient de se doter d’un laboratoire d’analyse génétique de la faune. Implanté au siège de l’agence nationale des parcs nationaux (ANPN) du Gabon, ce laboratoire conforme aux standards internationaux est doté d’équipement spécialisé, d’un personnel formé et opérationnel, d’une salle de stockage dédiée à la conservation d’échantillons de références. De plus, la structure fonctionne en totale autonomie énergétique. « Face à l’ampleur de la criminalité faunique, aussi bien à l’échelle internationale que sous régionale, un besoin crucial d’investigation des scènes de crime faunique a conduit au développement dudit laboratoire » explique Christian Tchemambela, le secrétaire exécutif de l’ANPN.
Le laboratoire de génétique de la faune a pour mission l’analyse d’échantillons d’ADN prélevés sur la faune locale, notamment l’ivoire, les poils, les écailles ou encore les fèces (matière fécale). Les analyses génétiques de ces échantillons permettront d’approfondir les connaissances sur les animaux, leur habitat et leur comportement. Elles seront particulièrement utiles dans la lutte contre le braconnage, car à partir d’échantillons saisis par des douaniers dans ou à l’extérieur du pays, l’on sera en mesure d’identifier les zones où les animaux ont été tués et donc les zones où opèrent les braconniers et ainsi de remonter des réseaux criminels internationaux impliqués dans le trafic d’espèces fauniques protégées.
Un projet cofinancé par la Banque mondiale et l’AFD
Le laboratoire de génétique de la faune du Gabon a bénéficié d’un double financement. Il y a celui de l’Agence française de développement (AFD) dans le cadre du projet Éléphants pour la lutte contre le braconnage et le trafic d’ivoire au Gabon et dans la sous-région d’une part, et d’autre part, celui de la Banque mondiale, alloué dans le cadre du projet GeFaCHE pour la gestion de la faune et des conflits homme-éléphant.
La gestion du laboratoire de génétique de la faune du Gabon a été confiée à la cellule scientifique de l’ANPN, un établissement public à caractère scientifique et environnemental qui gère les 13 parcs nationaux du Gabon.
Avec l’ouverture de ce laboratoire, le Gabon renforce son leadership dans le domaine de la préservation de la biodiversité. Le Gabon est d’ailleurs considéré comme le pays africain ayant la plus grande variété et quantité d’animaux, avec près de 700 espèces d’oiseaux, 98 espèces d’amphibiens, entre 95 et 160 espèces de reptiles, près de 10 000 espèces de plantes, plus de 400 essences forestières et 198 espèces différentes de mammifères.
Boris Ngounou