Au Gabon, le directeur général des Forêts a été interpellé le 12 septembre 2023. L’arrestation de Ghislain Moussavou intervient quelques jours après sa rencontre avec le président du Conseil de transition pour la restauration des institutions (CTRI). Le général Brice Clotaire Oligui Nguema avait sommé le haut cadre du ministère des Eaux et Forêts à restituer dans un délai de 48 heures les fonds potentiellement détournés.
Au Gabon, Ghislain Moussavou le directeur général des Forêts est en exploitation à la Direction générale des recherches (DGR). Son arrestation a eu lieu le mardi 12 septembre 2023 dans son bureau au ministère gabonais des Eaux et forêts de la Mer, de l’Environnement, du Plan climat, et du Plan d’affectation des terres.
L’interpellation de Ghislain Moussavou fait suite à une plainte déposée en mai 2023 par le Syndicat national des professionnels des eaux et des forêts (Synapef). Le syndicat accuse le haut cadre de faire partie d’un réseau criminel qui aurait mis en place un système de sociétés écrans et comptes bancaires parallèles afin de détourner l’argent public. La plainte porte sur environ 200 permis d’exploitation forestiers qui auraient été accordés illégalement, pour une superficie de 3 millions d’hectares et des centaines de millions de francs CFA.
Une plainte dont se serait saisi le président du Conseil de transition pour la restauration des institutions (CTRI). Car au lendemain de sa prestation de serment le 4 septembre 2023, le général qui a renversé le Président Ali Bongo quatre jours plus tôt, avait sommé le directeur général des forêts de restituer sous 48 heures tout l’argent qu’ils avaient détourné.
Pour rappel, le mis en cause avait déjà été écroué à la prison centrale de Libreville en 2022 pour abus de confiance et détournement de fonds. Sa libération est survenue grâce à l’intervention de l’ancien ministre des Eaux et Forêts, Lee white.
Un modèle d’exploitation forestière durable
Le Gabon est pourtant présenté en Afrique centrale comme un modèle en termes d’exploitation forestière durable. Le pays capte le plus de financement de la biodiversité, comparativement au reste des pays de la sous-région. Avec près de 88% de couverture forestière, le Gabon met en avant une diplomatie verte dont l’efficacité se traduit par les financements obtenus sur le marché du carbone. En 2019, la Norvège s’est engagée à verser 150 millions de dollars au Gabon pour qu’il protège ses forêts dans le cadre de l’initiative pour les forêts d’Afrique Centrale (Central African Forest Initiative, ou CAFI).
Lire aussi-GABON : vers la certification durable de la filière bois
Bien avant ce financement, le pays a fait l’objet d’un audit indépendant de ses taux de déforestation en 2016 et en 2017. Les résultats concluants de cette étude, soit un taux de déforestation d’environ 0,1 % par an, ont permis au Gabon d’obtenir un premier versement de 17 millions de dollars, dans le cadre l’initiative REDD+, devenant ainsi le premier pays africain à être payé pour protéger ses forêts.
Boris Ngounou