Lee White vient d’être nommé ministre des Eaux et Forêts au Gabon. Naturalisé gabonais depuis plus de 10 ans, la nomination de ce défenseur de l’environnement d’origine britannique intervient dans le sillage du scandale politique « kevazingogate ».
De l’ombre à la lumière ! C’est ainsi qu’on pourrait voir la nomination du défenseur de l’environnement Lee White à la tête du ministère gabonais des Eaux et Forêts. Cet homme de 53 ans d’origine britannique va diriger un secteur qu’il connaît bien, grâce au travail réalisé de longue date pour la conservation de la biodiversité au Gabon.
Lee White pose les pieds pour la première fois au Gabon en 1989. Il ne quittera plus ce pays où vit sa famille depuis une vingtaine d’années déjà. Il se fait remarquer par ses actions en faveur de la préservation des luxuriantes forêts de ce pays d’Afrique centrale. Il est d’ailleurs nommé à la tête de l’organisation Wildlife Conservation Society (WCS Gabon) en 1997.
La confiance des autorités gabonaises
Le passionné d’environnement a travaillé dans d’autres pays africains tels que le Nigeria et la Sierra Leone. Mais c’est grâce à la gestion de la branche gabonaise de l’organisation non gouvernementale américaine WCS que Lee White se fait remarquer par les autorités gabonaises. Il est ainsi nommé par l’ancien président gabonais Omar Bongo à partir de 2002, comme conseiller à la présidence de la République sur les questions liées aux changements climatiques, aux parcs nationaux et à l’écotourisme. Cette promotion se produit dans la foulée de la création de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN).
Après sa naturalisation en 2008, il est nommé un an plus tard, directeur des ANPN. Au Gabon, le choix des autorités, qui s’est porté sur Lee White, surprend et suscite à la fois des critiques et de l’enthousiasme. « Il connaît parfaitement les défis de la conservation au niveau national comme international. Nous espérons que cela va aider à accélérer la préservation de la faune et de la flore ici », a affirmé Gaspard Abitsi, directeur de l’ONG WCS Gabon. Mais sa nomination intervient dans un contexte marqué par le scandale du « kevazingogate ».
Un scandale d’État !
Le « kevazingogate » est un scandale d’État qui secoue le Gabon depuis plusieurs semaines. Le guibourtia tessmannii, connu localement sous le nom de kevazingo, est au centre de l’affaire. Il s’agit d’un arbre qu’on trouve au Nigeria, mais surtout au Cameroun, en Guinée Équatoriale et au Gabon. Dans le pays d’Ali Bongo, la commercialisation de ce bois précieux est strictement interdite. Pourtant, il y a quelques semaines, plus de 350 conteneurs de kevazingo ont été découverts sur le port d’Owendo, à 12 km de Libreville, la capitale du Gabon, grâce à une enquête menée avec le soutien d’Interpol. Scellés par la justice gabonaise pour les besoins de l’enquête, ces conteneurs vont inexplicablement disparaître. Depuis, l’affaire fait grand bruit au Gabon.
Éilogue de l’affaire : Pierre Claver Maganga Moussavou, le vice-président de la République du Gabon, est démis de ses fonctions. La présidence débarque aussi le ministre des Eaux et Forêts, Guy-Bertrand Mapangou. Ce dernier est donc remplacé aujourd’hui par le défenseur de l’environnement Lee White.
Jean Marie Takouleu