La zone économie spéciale (ZES) de Nkok est devenue une véritable plaque tournante du commerce et de la transformation du bois coupé dans les différentes concessions forestières accordées par le gouvernement du Gabon. L’agence TraCer-Nkok a été mise en place pour assurer le contrôle du bois négocié dans la ZES. Initié par Gabon Special Economic, Zone (GSEZ), la gestion de l’agence a été confiée au groupe Forêt Ressources Management (FRM) et à l’organisation non gouvernementale (ONG) gabonaise Brainforest.
L’exploitation forestière représente une part importante du produit intérieur brut (PIB) du Gabon : jusqu’à 5 % en 2017. La croissance du secteur est portée par la décision des autorités d’interdire en 2010 l’exportation du bois en grume tout en encourageant la construction d’usines de transformation du bois. Même si la barre des 20 % du PIB fixée par le gouvernement gabonais pour 2020 est loin d’être atteinte, de nombreux observateurs notent le dynamisme du secteur bois, dopé par la volonté des autorités d’aller vers une exploitation durable des forêts gabonaises.
La Zone économique spéciale (ZES) de Nkok, établie par les autorités sur 1 126 hectares, à 27 km de Libreville, est désormais la principale plateforme où se concentrent les nouvelles usines de transformation du bois, une cinquantaine en 2019. La transformation du bois est d’ailleurs devenue la principale activité de la ZES de Nkok. Une situation qui a poussé son gestionnaire Gabon Special Economic Zone (GSEZ), à adopter une démarche RSE ( responsabilité sociale des entreprises) pour le secteur bois.
L’initiative TraCer pour une gestion durable du bois
C’est dans ce contexte que l’initiative TraCer est mise en place par GSEZ pour s’assurer de la traçabilité du bois transformé et vendu dans la ZES. « C’est très important de savoir si le bois vendu dans la zone répond aux exigences légales concernant la durabilité de l’exploitation forestière. Il fallait mettre en place un système de diligence raisonné (SDR) pour l’analyse des risques », indique Sylvie Boldrini, la responsable RSE de la GSEZ, filiale d’Arise Integrated Inustrial Platforms (Arise IIP). « En tant que développeurs de la ZES, nous sommes aussi des négociants en bois, c’est la raison pour laquelle nous avons voulu que cette analyse de risque soit effectuée par un organisme indépendant », ajoute-t-elle.
La gestion de l’agence TraCer de Nkok est ainsi confiée à Forêt Ressources Management (FRM) Gabon, la filiale du groupe FRM, spécialisé dans la gestion durable des forêts. Depuis la création de l’agence, le 1er octobre 2018, le bureau d’étude travaille avec l’organisation non gouvernementale (ONG) Brainforest basée à Libreville, la capitale gabonaise. « Tout fournisseur qui veut vendre du bois à l’intérieur de la ZES de Nkok doit d’abord obtenir un agrément gratuit auprès de l’agence TraCer. Concrètement, l’agence demande des documents qui prouvent que l’entreprise est enregistrée au Gabon, qu’elle paye les cotisations sociales de ses employés, etc. L’exploitant doit surtout montrer qu’il respecte le code forestier gabonais, c’est-à-dire qu’il dispose d’un plan d’aménagement pour sa concession forestière. Il doit aussi garantir la traçabilité de ses grumes », explique Sylvie Boldrini.
Le contrôle dans les concessions forestières
Outre, l’analyse de la traçabilité du bois fourni par les exploitants forestiers, l’équipe de l’agence TraCer se rend également dans les concessions forestières pour s’assurer de la concordance entre les éléments fournis à travers les documents et la réalité sur le terrain. « Ils vérifient que chaque numéro inscrit sur la grume correspond bien à la souche de l’arbre coupé. Si tout concorde, le fournisseur reçoit un agrément valable pendant un an », précise la responsable RSE de la GSEZ. Selon Franck Sakabagnagna, de l’agence TraCer, chaque grume entrant dans le ZES est enregistrée dans une base de données facilitant ainsi sa traçabilité.
Depuis le lancement de TraCer, le 1er octobre 2018, le bois négocié et transformé dans la ZES est agréé par TraCer Nkok. À ce jour, le système de diligence raisonné permet de s’assurer contre un risque, somme toute faible ou négligeable, d’illégalité de l’approvisionnement en grumes de la zone économique spéciale. Selon Alexandre Westeel qui assure la coordination de TraCer, le système de diligence raisonné (SDR) contribue ainsi largement au développement de bonnes pratiques parmi les opérateurs forestiers gabonais.
Le soutien à la politique d’exploitation durable du bois au Gabon
Assurant la transformation d’une bonne partie du bois coupé dans les forêts du Gabon, la zone économique spéciale de Nkok, grâce à la RSE de son gestionnaire, soutient la politique d’exploitation durable du bois prônée par le gouvernement gabonais. Les autorités de ce pays d’Afrique centrale voudraient remplacer la part du pétrole dans le PIB (22,1 % en 2017 selon Banque mondiale), par les recettes de l’exploitation durable du bois.
Dans une récente sortie, Lee White, le ministre gabonais de l’Environnement et des Forêts, a même indiqué travailler à la mise en place d’une stratégie pour le développement du secteur « forêt-bois » qui verra l’établissement de plantations forestières et la création de plus de 50 000 emplois sur 5 ans. Une politique qui devrait à terme contribuer à éviter l’épuisement de la ressource et ainsi permettre une meilleure préservation de la biodiversité au Gabon.
Jean Marie Takouleu