Les quelque 5700 habitants de la presqu’île d’Etimboué à l’ouest du Gabon sont passés à la vitesse supérieure, dans le combat qu’ils mènent depuis quelques mois contre les activités pétrolières de l’entreprise Perenco. Ils ont joint leur force à celle du Réseau des organisations libres de la société civile pour la bonne gouvernance au Gabon (ROLBG). Et c’est dans le cadre de cette coalition qu’une plainte contre Perenco a été déposée le 15 janvier 2021 à l’adresse du procureur de la République près le Tribunal de première instance de Port-Gentil, une ville estuaire située également à l’ouest du Gabon.
Le dépôt de cette plainte a été précédé par une mission d’observation effectuée du 09 au 16 octobre 2020 dans la zone d’Etimboué. Cette descente sur le terrain a permis aux experts de cette organisation de faire des constats alarmants. « L’impact environnemental des activités d’extraction de l’entreprise Perenco affecte principalement la qualité de l’air, la qualité de l’eau, les ressources halieutiques et la santé des populations », affirme Anges Kevin Nzigou, avocat du ROLBG. L’Organisation de la société civile se réserve une action civile en indemnisation des populations victimes des impacts socio-économiques desdits crimes et pour le paiement des fonds communautaires, jamais perçus.
Perenco demeure silencieux
Cette offensive judiciaire intervient après une alerte lancée sur internet en novembre 2020. Dans une vidéo de 46 minutes intitulée « Étimboué ou la dictature du pétrole », les habitants de cette localité présentaient la marée noire et les écoulements d’hydrocarbures, qui ont pollué eaux et terres, rendant l’agriculture et la pêche, quasi impraticable.
Si du côté de l’État gabonais, la Présidence de la République promet de « suivre cette affaire de prêt », le principal accusé continu d’entretenir le silence. Perenco n’a pas encore répondu de manière officielle aux accusations des collectivités et encore moins aux questions des médias.
Boris Ngounou