Le gouvernement gabonais a décidé de décentraliser définitivement la collecte des ordures ménagères dans le pays. Désormais la gestion des déchets ménagers dans les villes du Gabon incombera aux collectivités locales. L’information a récemment été rendue publique par le Premier ministre gabonais, Julien Nkoghe Bekale, après une réunion avec les acteurs impliqués dans l’amélioration du cadre de vie de la population dans le pays. Le Premier ministre gabonais a demandé au ministre de l’Intérieur de préparer un arrêté règlementant cette nouvelle décision. Selon lui, un nouveau plan d’action intégrant toutes les provinces sera proposé au gouvernement. Celui-ci comprendra le ramassage des ordures ménagères et l’embellissement des villes du Gabon.
Cette décision de décentraliser la collecte des déchets ménagers est la traduction en acte des instructions fermes du chef de l’État, Ali Bongo Ondimba, au Premier ministre gabonais, en vue de trouver une solution pérenne à la problématique de la gestion des ordures ménagères dans les villes du pays. « Chaque collectivité locale devra élaborer un plan opérationnel de gestion de déchets qui fera l’objet d’un contrôle strict par les organes compétents », déclarait Ali Bongo Ondimba. En outre, le Chef de l’État gabonais avait annoncé la mise en place d’un mécanisme dédié à la rétrocession de la gestion des ordures ménagères aux collectivités locales, via un appui technique et financier de l’État.
La problématique de la collecte des déchets au Gabon ne date pas d’aujourd’hui. Le pays croule depuis longtemps sous les débris à cause d’une gestion souvent « chaotique » du secteur. Celui-ci était jusqu’à cette nouvelle mesure géré par des entreprises privées recrutées par l’État central.
À Libreville, la capitale du Gabon, l’entreprise libanaise Averda était ainsi responsable de la collecte des déchets ménagers. La société, basée à Dubaï, aux Émirats arabes unis, a signé en 2014 un contrat de sous-traitance d’une durée de 5 ans avec l’État gabonais à travers la société Clean Africa. L’accord devait s’achever en décembre 2019, mais s’est finalement terminé en août 2019. La société Averda réclamait au gouvernement gabonais le payement de 24 mois d’arriérés de prestation, soit 21 milliards de francs CFA (plus de 32 millions d’euros). Tandis que le maire de Libreville, Leandre Nzué, reprochait à la société de ne pas avoir rempli son contrat conformément au cahier des charges. « Celui-ci prévoit non seulement la collecte des ordures ménagères, mais aussi l’entretien des bassins versants et le curage des caniveaux. Le problème, c’est qu’Averda ne s’occupe que de la collecte des ordures ménagères et pas de ses deux autres missions alors qu’elle est payée chaque mois à hauteur de 400 – 500 millions de FCFA (environ 610 000 euros – plus de 762 000 euros) pour la totalité des prestations. Ce qui n’est pas normal », affirmait Leandre Nzué en mai 2019.
Le contrat qui liait Clean Africa à Averda prévoyait aussi un renouvellement automatique pour une nouvelle période de 2 ans. Une perspective que Leandre Nzué, le nouveau maire de Libreville, élu en février 2019, n’a pas voulu envisager en raison d’un service jugé « médiocre et parcellaire ».
Avec la décentralisation de la gestion des déchets au Gabon, la commune de Libreville tourne définitivement la page Averda. « C’est une très bonne décision. Dorénavant, on pourra juger les capacités des maires grâce aux responsabilités qui seront les leurs », déclare le maire de Libreville, Léandre Nzué. « Une fourrière, dix toilettes publiques dans chaque arrondissement, ainsi que le recrutement de plusieurs jeunes gabonais en vue de collecter les ordures ménagères dans les quartiers sous-intégrés ont été programmés », ajoute-t-il.
En attendant la concrétisation de ces projets, à Libreville, la collecte des ordures ménagères est actuellement assurée par Clean Africa, une entreprise d’État qui a signé un contrat avec la mairie de la capitale, tandis que plusieurs autres sociétés de nettoyage effectuent le curage des caniveaux dans les quartiers.
Inès Magoum