Le Gabon vient de recevoir un payement basé sur les résultats d’un montant de 17 millions de dollars pour la réduction de ses émissions de CO2 à travers la préservation de son couvert forestier. Les fonds sont alloués dans le cadre de l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale (Cafi).
Les efforts de Libreville en matière de préservation de sa forêt viennent d’être récompensés. Le Gabon bénéficie en effet d’un paiement basé sur les résultats pour la réduction de ses émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts. Il s’agit de 17 millions de dollars alloués dans le cadre de l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale (Cafi), un fonds multi-bailleurs géré par l’Organisation des Nations unies (ONU). Les fonds ont été octroyés après la vérification par des experts, des résultats obtenus par le Gabon en matière de réduction de la déforestation, en 2016 et en 2017, par rapport aux niveaux annuels de 2006 à 2015.
« C’est la première fois qu’un pays africain est récompensé pour avoir réduit les émissions liées aux forêts au niveau national. Il est extrêmement important que le Gabon ait fait ce premier pas. Le pays a démontré qu’avec une vision, un dévouement et un dynamisme forts, des réductions d’émissions peuvent être réalisées dans la forêt du bassin du Congo », affirme Sveinung Rotevatn, le ministre norvégien du Climat et de l’Environnement, qui s’est exprimé ce mardi 22 juin 2021 au nom du Cafi.
Des investissements dans la foresterie communautaire
Selon le Cafi, les fonds alloués au gouvernement gabonais serviront à la recherche scientifique, la promotion et la mise en place de pratiques de gestion forestière durable, la préservation des zones protégées et le renforcement des capacités au niveau gouvernemental. Le Cafi vise aussi l’amélioration des revenus, des moyens de subsistance, ainsi que le bien-être des communautés locales à travers la foresterie communautaire qui permettra de poursuivre les efforts de Libreville en matière de préservation de son couvert forestier.
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Pour le Cafi qui veut allouer 150 millions de dollars pour soutenir les efforts de conservation des pays d’Afrique centrale, le Gabon a obtenu d’excellents résultats en matière de préservation de son couvert forestier à travers la création, en 20 ans, des parcs nationaux d’Akanga, de Birougou, d’Ivindo, de Loango, de la Lopé, de Mayumba, de Minkébé, des Monts de cristal, de Moukalaba-Doudou, de Mwagna, des plateaux Batéké, de Pongara et de la Waka. Pour sa riche biodiversité, le parc national de la Lopé est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture).
Une aubaine pour la faune
Dans le même temps, le Gabon a également fait des progrès significatifs dans la gestion durable de ses ressources en bois en dehors des parcs, avec l’ambition de faire en sorte que toutes les concessions forestières soient certifiées FSC (Forest Stewardship Council). Ce label environnemental a pour but d’assurer que la production de bois ou de produits à base de bois respecte les procédures garantissant de gestion durable des forêts. La forêt couvre plus de 88 % du territoire gabonais, et les taux de déforestation sont constamment bas (moins de 0,08 %) depuis 1990, selon les données officielles. Les autorités gabonaises ont par ailleurs interdit l’exportation du bois en grume. Dans la Zone économique spéciale (ZES) de Nkok où le bois est désormais transformé, le gestionnaire a mis en place un système diligence raisonné qui permet d’assurer la traçabilité et la durabilité de l’exploitation forestière.
Au-delà de la préservation des forêts, les efforts consentis par les autorités gabonaises permettent la préservation de la faune, notamment les éléphants de forêt « considérés comme les architectes ou les jardiniers de la forêt » pour leur rôle dans le maintien d’écosystèmes sains. Ces pachydermes ont été inscrits récemment sur la liste des espèces en danger critique d’extinction. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la population des éléphants de forêt a chuté de 86 % en 30 ans à cause du braconnage et la perte de leur habitat.
Jean Marie Takouleu