Plusieurs enquêtes forestières, menées entre novembre et décembre 2022 dans la ville de Bitam au nord du Gabon, ont permis d’identifier quatre sites de coupe illégale de bois. Les principaux exploitants ont été entendus par l’administration déconcentrée des Eaux et forêts pour établir leurs responsabilités au regard des différentes violations du code forestier constatées.
L’équipe conjointe des agents du ministère gabonais des Eaux et forêts et les membres de l’organisation de protection de la nature Conservation Justice vient de confirmer l’existence de quatre sites de coupe illégale de bois dans plusieurs villages du département du Ntem. Équipés de divers outils de sciage, les auteurs et leurs complices ne disposaient d’aucune autorisation de l’administration, ce qui a amené à la saisie des machines et du bois coupé. Les concernés ont été entendus à Bitam par l’administration déconcentrée des Eaux et forêts pour établir leurs responsabilités au regard des différentes violations du code forestier constatées.
C’est sur l’axe Melen-Effack- Bibeigne que l’équipe mixte fera une première descente sur un site exploité par le dénommé Bekono, de nationalité camerounaise et en situation irrégulière au Gabon. Au cours de son audition au cantonnement des Eaux et forêts, ce dernier a déclaré qu’il était l’auteur des coupes sur deux des quatre sites identifiés et travaillerait au compte d’un capitaine de police affecté au commissariat de police de Bitam. Sur le site, ont également été découverts quatre arbres coupés mais non encore travaillés ainsi qu’un tas de 203 lattes et chevrons. Interrogé, le suspect interpellé fera savoir aux agents que l’exploitation date d’il y a un mois sur ce site. Une descente à son domicile dans le village Effack-Bibeigne, permettra de saisir une tronçonneuse comme pièce à conviction. Le capitaine de police serait connu pour les mêmes faits au niveau de Bitam. Il sera donc convoqué par le cantonnement des Eaux et forêts pour être entendu sur Procès-verbal, accompagné de son scieur.
Le capitaine reconnaîtra les faits qui lui sont reprochés, et dédouaner le scieur. Il affirmera que le mis en cause agissait sur ses instructions.
Par ailleurs la première saisie du cantonnement, les habitants confirment avoir vu un camion transportant nuitamment le bois litigieux hors du site. Selon une source policière qui a requis l’anonymat, ces faits constituent un grand manquement aux règles déontologiques de la police qui précise que chaque policier doit agir en parfaite conformité avec les lois, être irréprochable en montrant l’exemple à la population.
Deux autres suspects interpelés
En ce qui concerne les deux derniers sites, il s’agirait d’une coupe illégale depuis le village Essatop où un ressortissant bénéficiaire d’une autorisation de sciage de long, exploite un site non autorisé. Au village Okoralene, deux autres personnes ont encore été entendues conformément à la procédure et des sanctions prévues par les dispositions du code forestier ont été données par le cantonnement des Eaux et forêts de Bitam.
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Les essences retrouvées sur les différents sites sont essentiellement le Padouk, le Belinga et le Dabema. Comme toutes les essences de bois, leur exploitation requiert le respect de la légalité, en accord avec la gestion durable de forêts qui fait l’objet d’une politique stratégique nationale pour l’économie gabonaise en cohérence avec le leadership du Gabon en tant que modèle vert au niveau international. Rappelons que la gestion durable des forêts intègre les aspects économiques, sociaux et écologiques. Le non-respect des lois dans ce cadre, serait de nature à compromettre cette ambition affichée du Gabon et à menacer une ressource naturelle indispensable pour les générations futures.
Boris Ngounou