Le Ghana a reboisé 628 000 d’hectares de terres entre 2016 et 2022. C’est ce qui ressort d’un rapport de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), basé sur des données du gouvernement ghanéen. Le pays a ainsi réalisé un tiers de son objectif de restaurer 2 millions hectares de terres déboisées et dégradées d’ici à 2030.
Les efforts de reboisement du Ghana sont déployés à travers trois modèles. La « plantation forestière », qui consiste à planter de jeunes arbres dans des réserves forestières en vue d’une récolte durable du bois, « l’enrichissement » qui vise à restaurer la biodiversité perdue en plantant des arbres dans les forêts existantes qui ont été dégradées, ou en plantant dans des zones qui n’avaient pas d’arbres à l’origine, et le modèle « arbres dans les fermes », qui est un programme d’agroforesterie dans lequel les agriculteurs plantent des arbres sur leurs propres terres.
Ce dernier modèle a constitué l’essentiel des efforts de plantation d’arbres du Ghana depuis 2017, contribuant à 520 100 hectares de terres mises en restauration entre 2017 et 2021, selon la Commission nationale des forêts. Parallèlement, la plantation forestière représentait 91 000 hectares et 22 000 hectares pour l’enrichissement. La même source indique que l’initiative de reboisement du Ghana a considérablement stimulé l’emploi, générant 98 762 emplois en 2019, 75 379 emplois en 2020 et 80 378 en 2021.
Des manquements signalés, sur la biodiversité
La stratégie de reboisement du Ghana est toutefois limitée, du point de vu de la biodiversité. Des défenseurs de l’environnement ont évoqué la problématique des types d’arbres plantés, constitués essentiellement d’espèces de feuillus non indigènes comme le teck. Selon Samuel A. Jinapor, le ministre ghanéen des Terres et des Ressources naturelles, plus de 5 millions des 26 millions de plants distribués le 10 juin 2022, lors du Green Ghana Day, étaient en teck.
Et pourtant, des experts estiment que ces espèces ne sont pas favorables à la biodiversité. « Si vous ajoutez un arbre non indigène, comme le teck, ses fleurs et ses fruits ne fourniront pas de nourriture à notre biodiversité naturelle, qui comprend les insectes et les oiseaux. C’est pourquoi il est essentiel de planter des espèces indigènes », explique Daryl Bosu, le directeur national adjoint de l’organisation non gouvernementale (ONG) A Rocha Ghana.
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Outre la typologie des espèces d’arbres plantés, les acquis de la politique de reboisement du Ghana sont menacés par les incendies et la coupe du bois. Selon le rapport annuel 2021 de la Commission nationale des forêts, les incendies ont détruit environ 9 200 hectares de plantations dans les réserves forestières.
Et sur le plan de la déforestation, le Ghana a connu une perte nette de couvert arboré de 573 000 hectares, entre 2000 et 2020, selon Global Forest Watch, une application Web open source qui permet la surveillance des forêts du monde en « temps quasi réel ».
Boris Ngounou