« Nous voulions inventer quelque chose qui puisse être utile à nos populations, surtout en ce qui concerne l’accès à l’énergie. Les gens doivent mener de grands combats pour recevoir de l’énergie. Nous avons donc décidé d’utiliser du manioc pour pallier ce problème. » Voici la pensée qui a conduit les frères Ansah pendant des années. Et l’on peut dire qu’elle a porté du fruit. Aujourd’hui, James et Kwesy brandissent avec fierté leur JK2 Table Power, fruit d’un travail de longue haleine. Ce dispositif local dont l’appellation est constituée des initiales des prénoms des deux frères est un appareil qui génère de l’énergie. Une trouvaille qui suscite beaucoup de curiosité, car la matière première de base à laquelle ces deux « ingénieurs » font recours est le manioc. Par un procédé bien complexe, ils réussissent à générer de l’énergie grâce à ces tubercules. « Nous allons au champ chercher du manioc, que nous épluchons, lavons et rappons à l’aide d’un grattoir de fabrication artisanale. Nous ajoutons ensuite de l’eau à la patte pour la rendre plus légère ». Celle-ci sera ensuite déversée dans le JK2 Table Power, un dispositif localement conçu par les deux frères, et qui est doté d’un électrode en cuivre et d’un moteur électrique. Pour faire fonctionner l’appareil, ce manioc mélangé est mis dans un réservoir d’un litre. « Les tuyaux dans le dispositif absorberont alors le manioc mélangé du réservoir et l’utiliseront ensuite pour produire de l’électricité », expliquent-ils. Le JK2 Table Power permet d’alimenter les ampoules LED, mettre en marche des postes radio et recharger les batteries de téléphone.
Ces jeunes n’ont pas cessé de rêver. Ils espèrent obtenir un financement afin de produire de l’énergie pour éclairer des hôpitaux, des écoles et même des villages. Au Ghana « Nous avons besoin de l’appui du gouvernement pour pouvoir produire assez d’énergie pour nos populations en nous servant du manioc. Ainsi, nous pourrons contribuer à a réduction du coût d’accès à l’énergie hydroélectrique », expliquent-ils. Des doléances qui semblent bien comprises, car le ministre ghanéen de l’Environnement, de la Science, de la Technologie et de l’Innovation, Pr. Frimpong Boateng a promis aux deux jeunes un support technique et financier en vue de développer leur jeune projet.
En Afrique, le Ghana est le second producteur de manioc, après le Nigéria. D’après des statistiques de la FAO, le Ghana a produit près de 20 000 tonnes de manioc en 2017. Une garantie de la disponibilité de la matière première pour la future entreprise des frères Ansah.
Luchelle Feukeng