La décharge d’Agbogbloshie, à Accra au Ghana, est selon l’ONG écologiste Blacksmith Institute, la zone la plus polluée au monde, devant Tchernobyl (ville ukrainienne, théâtre d’une catastrophe nucléaire en 1986). Et malgré la dangerosité de ce lieu, près de 10 000 personnes continuent d’y fouiller les ordures au péril de leur santé, à la recherche de métaux précieux qui se trouvent dans les smartphones jetés.
Pour réduire l’impact environnemental de cette décharge ainsi que celle de toute la chaine des déchets électroniques au Ghana, les autorités du pays, avec le soutien financier de la Suisse, ont lancé en 2015, le Projet des industries de recyclage durable (SRI). Après la première phase (2015-2018), la deuxième phase (2019-2023), dont le coût s’élève à près de 6,1 millions d’euros, a été officiellement lancée le 5 mars 2020 à Accra. Celle-ci vise à renforcer les capacités nationales de traitement des déchets électroniques en termes d’infrastructures et de ressources humaines. Il s’agit notamment d’apprendre aux recycleurs informels, comment extraire le cuivre des vieux appareils sans nécessairement les bruler.
Il est également prévu de sensibiliser davantage les producteurs et les importateurs d’équipements électroniques à une gestion rationnelle des déchets électroniques.
La convention de Bâle n’est pas respectée
La Convention de Bâle, signée en 1989 interdit aux pays développés de déverser les déchets dangereux dans les pays moins développés. Mais ce traité international n’est visiblement pas respecté. L’Union européenne et les États unis qui cumulent à eux seuls près de 50 % de la production mondiale de déchets électroniques contournent la convention de Bâle, en exportant leurs déchets sous l’étiquette de « biens d’occasion », vers des pays à faibles revenus comme le Ghana.
Cette pratique est à l’origine d’Agbogbloshie, la plus grande décharge de déchets électroniques, qui selon les autorités locales, accueille près de 40 000 tonnes de ces déchets chaque année.
Boris Ngounou