Le programme de solarisation de Total Ghana vise environ 120 stations-service, soit de 50 % des 240 réparties à travers ce pays d’Afrique de l’Ouest. C’est par la station de Tema (une ville de 172 900 habitants, située sur la côte atlantique à 25 kilomètres à l’est d’Accra) que l’opération a été lancée le mardi 3 juillet 2018. Au total, ce sont 225 m² de panneaux solaires qui ont été installés. Ils produisent 35 kilowatts, pour satisfaire les besoins en énergie du centre de distribution.
Le directeur général de Total Ghana présente ce projet comme étant non seulement l’implémentation du plan de modernisation de sa société, mais aussi l’arrimage de l’entreprise, derrière la vision énergétique du Ghana « L’avenir énergétique du monde, y compris celui du Ghana, est façonné par le double défi du changement climatique et de la demande croissante d’électricité. Ainsi, les énergies renouvelables, en particulier le solaire, sont cruciales dans ce nouvel environnement […] En tant que société ghanéenne de commercialisation du pétrole, nous sommes fiers de compléter les efforts du gouvernement du Ghana pour donner la priorité à l’utilisation de l’énergie solaire », a affirmé Éric Fanchini. L’initiative s’inscrit dans une stratégie convergente du Ghana et de Total en faveur des énergies renouvelables.
Bientôt 200 000 mini-centrales solaires au Ghana
En effet, le Ghana s’est résolument engagé dans le développement de l’énergie solaire. Après avoir inauguré en octobre 2015 l’une des plus grandes centrales d’énergie solaire d’Afrique (la centrale solaire d’Aiwiaso à l’ouest du pays, qui s’étale sur 183 hectares pour 155 MW), « Le Ghana ambitionne de mettre en place 200 000 installations solaires électriques qui desserviront des ménages, des entreprises et des infrastructures publiques » a annoncé son président, Nana Akufo-Addo lors de l’Alliance solaire internationale (ISA), en mars 2018 à New Delhi en Inde.
C’est donc dans cet ancrage énergétique, que s’inscrit d’une part, la démarche de Total Ghana. Avant son programme de solarisation des stations-service, la société proposait déjà diverses solutions solaires. Notamment des lampes solaires et des kiosques solaires. Ces derniers ont été déployés dans trois stations-service pour permettre aux clients d’accéder à des bornes de recharge de téléphone et au Wi-Fi. Présente dans ce pays depuis 1961, Total Ghana fait dans la vente de produits pétroliers. Elle emploie environ 175 personnes.
Le Groupe Total en mode « bas carbone »
À une tout autre échelle, le Groupe Total poursuit résolument son développement dans les énergies renouvelables, amorcé en 2011 avec la prise de contrôle de l’américain SunPower (pour 1,6 milliard de dollars). Depuis, la stratégie du groupe n’a pas varié. Pour lui, l’avenir est au secteur de l’électricité du gaz et des EnR, dont le pétrolier entend devenir un acteur majeur. Le groupe a depuis poursuivi ses rachats pour devenir un producteur et distributeur d’énergie bas carbone. Derniers mouvements en date, le rachat en 2016 du fabricant de batteries Saft, en 2017 la prise de participation à hauteur de 23 % dans la société Eren Renewable Energy (EREN RE) et le rachat du français GreenFlex, présent dans l’efficacité énergétique. En avril 2018, Total met la main sur le distributeur français d’électricité et de gaz, Direct Énergie, qui avait lui-même racheté quelque mois plus tôt le producteur d’énergies renouvelables Quadran…
Dans ce contexte, l’équipement des stations-service en panneaux solaires peut paraître anecdotique. Il est surtout très symbolique et démontre que désormais, à tous les étages de ce groupe français mondialisé, les énergies renouvelables sont considérées comme l’avenir, en Afrique et ailleurs dans le monde.
Boris Ngounou