L’Afrique australe fait désormais partie du pourtour du projet de la Grande muraille verte (GMV). Ainsi en a décidé l’Union africaine (UA), en raison des problèmes d’insécurité rencontrés dans de nombreux pays du Sahel, la zone initiale du projet. Selon Elvis Paul Tangem, le coordinateur du projet de la GMV pour l’UA, il est presque impossible de continuer à planter des arbres et de restaurer les terres dégradées au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Tchad, au Nigeria, en Érythrée et dans le nord du Cameroun à cause de l’insécurité et de la réaffectation des fonds à l’aide humanitaire.
« Nous nous tournons maintenant vers des zones qui présentent moins de menaces pour la sécurité et sont moins sujettes aux conflits, a-t-il expliqué. Nous nous dirigeons également vers la partie sud de l’Afrique. Nous sommes conscients que Madagascar, l’Angola, la Namibie et l’Afrique du Sud ont subi ces dernières années de graves sécheresses et la désertification. La Grande muraille verte s’étend désormais jusqu’à ces pays. » annonce Elvis Paul Tangem.
Insécurité et changement climatique
Partant du constat établi par l’UA, sur les causes de ralentissement du projet de la GMV dans sa zone de départ, l’on peut percevoir l’insécurité comme un facteur de la désertification en Afrique, et vice-versa. Prenant part au débat de haut niveau du conseil de sécurité des Nations unies sur le climat et la sécurité du 23 février 2021 plusieurs dirigeants africains ont indiqué que les changements climatiques faisaient désormais partie des principaux facteurs d’insécurité en Afrique.
Les échanges menés par visioconférence ont évoqué les graves risques sécuritaires liés au climat en Afrique, notamment en Afrique de l’Ouest, en Somalie, au Darfour, dans le Sahel, au Mali et dans le bassin du lac Tchad. « Dans mon pays, nous vivons dans une insécurité permanente, en raison de nombreux facteurs qui placent le Soudan en tête de liste en matière de vulnérabilité climatique » affirme Nisreen Elsaim la présidente de l’United Nations Youth Advisory Group.
Seulement 20% des objectifs atteints, après 16 ans
Selon une étude de l’Organisation des Nations unies (ONU) publiée en 2020, la Grande muraille verte n’avait atteint qu’environ 20% de ses objectifs, notamment au Sénégal et en Éthiopie.
Parmi les derniers coups d’accélérateur donnés au projet, il y a celui du président de la 15e Conférence des parties (Cop15) de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification et la sécheresse. Le 31 janvier 2023 à Abidjan (en Côte d’Ivoire), Alain-Richard Donwahi et le Coordinateur régional du Hub sous-régional pour l’Afrique de l’ouest et du centre du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), Njoka Tikum ont signé un mémorandum d’entente. Ce protocole d’accord porte sur la mise en place d’un mécanisme financier pour la mise en œuvre effective de la GMV.
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Lancée en 2007 par l’UA, l’initiative prévoyait au départ la plantation continue de millions d’arbres sur une bande de 15 km de large allant du Sénégal à Djibouti. La vision a été réorientée en 2013 vers un vaste programme de gestion durable des écosystèmes et d’amélioration des conditions de vie des populations rurales touchées par la dégradation des terres. L’objectif du projet est notamment de restaurer 100 millions d’hectares de terres, de capter et stocker 250 millions de tonnes de CO2 par la végétation d’ici à 2030, et de créer 10 millions d’emplois dans les zones rurales tout en contribuant à la sécurité alimentaire dans l’une des régions du monde les plus touchées par la malnutrition.
Boris Ngounou