L’entreprise française Biotope, qui anime depuis 2017 l’actualisation du Plan d’action national de conservation des chimpanzés en Guinée (PANCCG), vient de lancer un nouveau projet dans ce sens. Il s’agit du projet « Cohab », comme cohabitation, qui vise à tester des solutions de cohabitation entre les chimpanzés et les communautés locales dans trois localités du Fouta Djallon, un ensemble de hauts plateaux situés dans le centre-ouest de la Guinée.
Le démarrage du projet était initialement prévu en 2019, avant de subir plusieurs reports, du fait de la pandémie de la Covid-19. Ce n’est qu’en juin 2021 que l’équipe de consultants a pu se rendre en Guinée pour poursuivre les activités de Cohab. S’appuyant sur les priorités identifiées dans le PANCCG, l’équipe de Biotope et ses partenaires (Guinée Écologie, Jane Goodall Institute et Leaf Inspiring Change) poursuivrons le dialogue avec les communautés locales jusqu’en juin 2022, afin de travailler sur les différentes solutions ayant émergé des activités du projet, de définir leurs modalités de mise en œuvre et de prioriser les actions pour leurs réalisations sur le terrain.
Une dimension transnationale
Financé grâce à une subvention de 700 000 dollars, octroyée à Biotope par la fondation américaine Arcus, « Cohab » a une dimension qui s’étend au-delà des frontières guinéennes. Car le chimpanzé d’Afrique de l’Ouest est le singe anthropoïde qui a la plus grande répartition géographique. En dehors de son fief du Fouta-Djalon en Guinée, le primate qui partage 98% de gènes avec l’homme est également présent en Sierra Leone et dans les environs des lacs Tanganyika et Victoria. Ainsi, les résultats et les bonnes pratiques issus des trois sites pilotes du projet Cohab (Kéwé, Pellel Koura et Sabé) seront partagés dans 10 à 20 autres sites de la région, pour encourager l’appropriation de solutions efficaces à la conservation des chimpanzés d’Afrique de l’Ouest.
Lire aussi, L’Afrique n’échappe pas à l’accélération de l’érosion mondiale de la biodiversité !
Le chimpanzé d’Afrique de l’Ouest a longtemps été protégé grâce aux tabous culturels envers la chasse ou la consommation de sa viande. Cependant l’équilibre de cette coexistence est menacé par des pressions externes (immigration, investissements étrangers…) et internes (changements sociaux, conversion croissante de la forêt, compétition sur les ressources telles que l’eau, les produits forestiers… ou les cultures…). Selon Biotope, ces menaces ne concernent pas que le Fouta ou la Guinée, mais toute l’Afrique de l’Ouest. Alors que sa population était évaluée à près de 2 millions d’individus au début du 20e siècle, aujourd’hui, il y a plus que 500 000 chimpanzés d’Afrique de l’Ouest en liberté. Ainsi l’espèce est classée sur la liste des espèces « en danger » de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Boris Ngounou