GUINÉE BISSAU : le réchauffement climatique féminise et fragilise les tortues marines

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GUINÉE BISSAU : le réchauffement climatique féminise et fragilise les tortues marines©Xenia_Photography/Shutterstock

Dans une récente étude publiée par des chercheurs britanniques, portugais et bissau-guinéens on apprend que, d’ici à la fin du siècle, il pourrait ne rester que de 7 à 24 % de tortues de mer de sexe mâle, en raison du changement climatique. Car chez les tortues, c’est la température d’incubation des œufs qui détermine le sexe du bébé à venir ?

Les eaux ouest-africaines, notamment celles de la Guinée-Bissau, risquent bientôt de ne presque plus contenir de mâles au sein de la population de tortues marines, à cause des changements climatiques.

Plus la température à la surface du globe s’élève, plus les œufs de tortues de mer, qui éclosent, donnent des femelles. L’animale, en danger de disparition, et dont l’apport écologique est déterminant pour l’environnement marin, est doté d’un déterminisme sexuel thermodépendant. Il en va de même pour d’autres reptiles tels que les serpents, les lézards, et les crocodiles.

Le Copernicus Climate Change Service (C3S, un centre recherche de l’Union européenne sur les données climatiques), indique que le réchauffement climatique est plus intense que jamais : 2018 a été la 4e année d’affilée la plus chaude jamais enregistrée avec une température planétaire de 14,7 °C, tandis que les émissions et concentrations de gaz à effet de serre ne cessent d’augmenter.

Dans ce contexte, l’inquiétude est grande face aux résultats de l’étude menée sur les côtes bissau-guinéennes par une équipe de chercheurs de l’université d’Exeter, en Grande-Bretagne, du centre d’écologie marine Mare de Lisbonne, au Portugal, et de l’Institut de biodiversité de Guinée-Bissau. Alors que les naissances de mâles chez les tortues marines vertes sont presque aussi nombreuses que celles des femelles (52 %), il pourrait ne rester, à l’horizon 2100, que 7 à 24 % de mâles en raison du changement climatique.

La Guinée-Bissau, véritable pouponnière des tortues de mer

Les 93 % de femelles auront alors bien de la peine à procréer, en raison du manque de mâles. Toute chose qui contribuera davantage encore à menacer la survie de l’espèce. En plus de la prédation, en Guinée-Bissau et dans le reste de l’Afrique de l’Ouest, les tortues de mer souffrent de la pollution marine et en particulier des sacs en plastique, qu’elles confondent avec des méduses et qui provoquent des occlusions intestinales. Sans compter l’érosion des plages ou les prélèvements de sable pour la construction, et l’artificialisation du littoral en général.

C’est dans ce contexte que le gouvernement a lancé en 2010, le projet de « Renforcement des conditions de la conservation des tortues marines en Guinée-Bissau ». Les activités menées dans le cadre de ce projet sont : la surveillance des périodes de ponte sur les plages, l’établissement d’un régime de protection et la limitation de la pêche dans la zone des herbiers d’Unhocomo et Unhocomozinho, l’appui logistique aux missions scientifiques, et la collaboration scientifique avec la mission de la Fondation Antinea.

La motivation des pouvoirs publics est non seulement de préserver un maillon fort de l’écotourisme, mais aussi de garantir une exceptionnalité ouest-africaine. Sur les huit espèces de tortues marines qui peuplent les mers du globe, cinq sont observées régulièrement dans les eaux de cette région, dont deux seulement se reproduisent en grands nombres. Entre 2000 et 3000 femelles de tortues caouannes pondent dans l’archipel du Cap-Vert, principalement sur l’île de Boa Vista. En Guinée-Bissau, dans l’archipel des Bijagós, ce sont entre 7000 et 35 000 pontes de tortues vertes qui sont enregistrées chaque année.

Boris Ngounou

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