La nouvelle approche du gouvernement guinéen contre la déforestation massive est entrée en vigueur le 14 juin 2021. La coupe du bois et son transport sont désormais interdits jusqu’à nouvel ordre, sur toute l’étendue du territoire national. Dans le communiqué qui a été publié le 11 juin 2021 pour annoncer cette mesure, le ministère guinéen de l’Environnement, des Eaux et des Forêts a également interdit la délivrance de permis de coupe et de transport.
Mais au sein du Réseau national de la société civile pour l’environnement et le développement durable (Rénascedd), l’interdiction totale de la coupe du bois est qualifiée d’irréaliste. « Les services qui sont chargés de faire appliquer cette décision, parfois, sont inexistants, mais aussi sont mal équipés. Je suis pour la gestion durable des ressources mais contre l’interdiction totale. Nous sommes dans des zones rurales. Les communautés ont le droit d’usage. C’est-à-dire que les communautés peuvent utiliser ce bois-là pour construire leurs maisons, pour faire leurs activités quotidiennes. Plus de 85% des communautés vivent des ressources naturelles. », explique Sékou Amadou Diakité, responsable du Rénascedd.
L’avis de Sékou Amadou Diakité est partagé par Habib Yembering Diallo, chroniqueur environnemental au journal Guinée Matin. Selon ce dernier, les autorités devraient faire la différence entre les besoins locaux et l’exportation. Les premiers doivent être autorisés. Tandis que les secondes doivent faire l’objet d’une réglementation rigoureuse afin d’éviter à la Guinée des catastrophes naturelles.
La Guinée détient l’un des taux de déforestation les plus rapides au monde
L’interdiction totale de la coupe du bois en Guinée a été prise suite au démantèlement en mai 2021, d’un important réseau de trafic illicite de bois de rose dans les préfectures de Faranah et Mamou, situées à l’est de Conakry la capitale. « Selon les informations que nous avons, ce bois transite par la Sierra Leone (pays voisin) avant d’être acheminé vers les pays asiatiques », explique le colonel Layaly Camara, directeur national des Eaux et forêts.
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Le ministère guinéen de l’Environnement, des Eaux et forêts a publié sur son site internet un article intitulé «déforestation effrénée ». Cet article indique que la Guinée fait partie des pays qui ont les taux de déforestation les plus rapides au monde. De 14 millions d’hectares dans les années 1960, le couvert forestier du pays est passé à la fin des années 2010 à moins de 700 000 hectares, ce qui fait de la Guinée «l’un des mauvais élèves» de la conservation des forêts, dit le texte, malgré les efforts de reforestation entrepris. Même les «quelques lambeaux de forêts classées ne sont pas épargnés», note l’article.
Boris Ngounou