L’exploitation du gisement de minerai de fer de Simandou au sud-est de la Guinée est imminente. China Railway est depuis quelques mois à pied d’œuvre pour la construction de la voie ferrée de plus de 650 km, qui reliera la mine de fer au port en eau profonde à Matakong, sur la côte Atlantique de la Guinée. L’entreprise chinoise a annoncé récemment qu’un puits a été dynamité dans la colline « avec un grondement de canons » le 29 mai 2021. Erreur de communication pour China Railway, car son information sur des opérations de dynamitage dans un site habité par une espèce de singe en voie de disparition, les chimpanzés de l’ouest, sera utilisée par les médias comme prétexte pour revendiquer le plan de gestion d’impact environnemental de la voie ferrée.
Aucun plan de gestion de l’impact sur les chimpanzés
L’article 28 du Code guinéen de l’environnement exige pour tout projet susceptible d’avoir un impact sur l’environnement, que les évaluations environnementales soient terminées et approuvées avant la phase de réalisation. Mais dans le cadre de la construction du tunnel ferroviaire entre Simandou et le port de Matakong, un habitat pour une espèce de chimpanzé en danger critique d’extinction, le plan de gestion environnementale sensé orienter les travaux est introuvable. Interrogé sur la question le 28 juillet 2021 par l’agence d’information Reuters, China Railway est restée muette, préférant supprimer de son site web, sa déclaration mentionnant l’explosion des flancs de colline.
C’est l’année dernière que la société minière anglo-australienne Rio Tinto PLC a obtenu l’autorisation d’exploiter une partie adjacente du gisement de fer de Simandou, le plus grand au monde. Le minerai sera exporté dès 2026 à travers le chemin de fer et le port en construction par le consortium Winning Consortium Simandou (WCS), soutenu par la Chine. WCS qui a embauché China Railway, a pourtant déclaré qu’aucun dynamitage n’avait eu lieu avant d’avoir reçu les permis requis ou avant que l’évaluation environnementale n’ait été approuvée, mais ni elle-même, ni le gouvernement guinéen n’ont fourni la base de cette affirmation ou rendu disponible une copie de l’évaluation environnementale approuvée. Comme le faisait déjà remarquer la Banque mondiale en 2019, la nature et l’ampleur des travaux du projet de mine de fer de Simandou représentent des risques pour l’environnement et la biodiversité.
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La Guinée représente le plus grand bastion des chimpanzés de l’ouest. Le pays d’Afrique de l’Ouest abrite près de deux tiers des 52 800 chimpanzés occidentaux restants dans la nature, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). La même organisation internationale de protection de la nature a d’ailleurs classé l’espèce « en danger critique d’extinction », c’est la catégorie de classification d’espèce la plus vulnérable.
Boris Ngounou