En Afrique, plus de 40 millions d’agriculteurs pourraient bientôt bénéficier de financements pour gérer les risques liés aux phénomènes climatiques tels que les inondations et la sécheresse sur leurs productions. La Banque africaine de développement (BAD) a récemment annoncé la création de la Facilité africaine d’assurance contre les risques climatiques pour l’adaptation (Acrifa) d’une valeur d’un milliard de dollars. Les fonds seront alloués aux agriculteurs sous forme de prêts concessionnels, de capitaux à haut risque ou de dons.
L’année 2023 s’est achevée par une bonne nouvelle pour les agriculteurs en Afrique. Ils devraient désormais bénéficier du soutien financier de la Banque africaine de développement (BAD) dans la gestion des risques liés aux chocs climatiques sur leurs productions. Le 3 décembre 2023, l’institution financière a présenté son projet de création de la Facilité africaine d’assurance contre les risques climatiques pour l’adaptation (Acrifa) d’une valeur d’un milliard de dollars, qui vise à fournir une assurance contre les graves conséquences du changement climatique à plus de 40 millions d’agriculteurs à travers le continent.
« Nous devons soutenir les agriculteurs, et non les abandonner face à l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes climatiques extrêmes tels que la sécheresse, les inondations et les infestations de ravageurs. À l’heure actuelle, plus de 97 % des agriculteurs en Afrique n’ont pas d’assurance agricole. Leur seule assurance est la prière. Lorsqu’ils sèment, ils prient pour qu’il pleuve. Lorsqu’ils récoltent, ils prient pour qu’il n’y ait pas de pluies ou de ravageurs, et lorsqu’ils commercialisent leurs récoltes, ils prient pour que les cours ne s’effondrent pas », a déploré Akinwumi Adesina, le président de la BAD, lors de la présentation d’Acrifa.
Lire aussi – AFRIQUE : le climat met à rude épreuve une agriculture aux rendements insuffisants
Une fois mise en place, le portefeuille de la facilité d’assurance sera reparti aux agriculteurs sous forme de prêts concessionnels, de capitaux à haut risque ou encore de dons. L’objectif est également de renforcer la sécurité alimentaire en Afrique et d’ouvrir des débouchés commerciaux pour le secteur mondial de l’Assurance.
Le soutien du Programme alimentaire mondial
En Afrique centrale et de l’Ouest par exemple, le nombre de personnes n’ayant pas un accès régulier à des aliments sains et nutritifs a atteint 48 millions pendant la période de soudure de juin à août 2023 (la période de l’année précédant les premières récoltes et durant laquelle les produits des récoltes précédentes viennent à manquer, Ndlr),selon un rapport des Nations unies. Aussi, « l’Acrifa réunira les principaux acteurs afin de faciliter la mise en œuvre à grande échelle, d’établir des liens entre les acteurs et de permettre aux assurances d’atteindre un plus grand nombre de personnes parmi les plus vulnérables du continent », a déclaré Beth Dunford, vice-présidente chargée de l’Agriculture et du Développement humain et social de la BAD.
Mais avant d’en arriver là, il faudra identifier les agriculteurs aux prises des chocs climatiques. Pour l’accompagner dans cette démarche, la BAD compte sur des partenaires tels que le Programme alimentaire mondial (PAM) pour fournir des services aux clients et aussi collecter des données. « Dès lors que vous disposez de données, il y a transparence, et la transparence suscite la confiance. Si vous parvenez à apporter cette transparence tout au long de la chaîne de valeur, vous serez alors en mesure d’apporter la confiance, de meilleurs investisseurs et un meilleur soutien aux agriculteurs », a soutenu Kate Kallot, PDG d’Amini AI, une startup d’intelligence artificielle qui s’attaque au problème de la pénurie de données sur l’environnement en Afrique.
Le défi sera donc d’obtenir des données fiables pour pouvoir fixer les montants corrects à allouer à chaque agriculteur. Outre la stimulation de l’investissement et la résilience dans les systèmes agroalimentaires en Afrique, la Facilité africaine d’assurance contre les risques climatiques pour l’adaptation, saluée à la 28e Conférence des Nations unies sur le climat (COP28) qui s’est achevée le 12 décembre dernier à Dubaï, devrait également renforcer les assureurs locaux et favoriser l’intégration avec les réassureurs nationaux et internationaux.
Inès Magoum