À Laikipia, l’un des 47 comtés du Kenya, situé à hauteur de l’équateur, dans l’ancienne province de la vallée du Rift, 18 vautours ont été tués le 21 avril 2020. Selon le Kenya Wildlife Service (KWS), les oiseaux de proie seraient morts après avoir mangé les carcasses de deux chameaux qui avaient été empoisonnés. Cette pratique est devenue monnaie courante dans le pays, mettant à mal l’écosystème et la santé humaine au Kenya.
C’est un nouveau coup dur pour Laikipia, l’un des 47 comtés du Kenya, situé à hauteur de l’équateur dans l’ancienne province de la vallée du Rift. Le 21 avril 2020, le comté a perdu 18 de ses vautours. Ces animaux ont une valeur inestimable pour l’écosystème et la santé humaine. En mangeant des carcasses en décomposition, ils empêcheraient la propagation de maladies telles que la tuberculose, la rage et l’anthrax.
Les premières conclusions des enquêtes, menées par le Kenya Wildlife Service (KWS) en tandem avec d’autres agences d’enquête gouvernementales, ont établi le 23 avril 2020 que les vautours sont probablement morts après avoir mangé les carcasses de deux chameaux. « Deux chameaux qui avaient disparu d’un boma depuis 4 jours ont été tués par un lion dont les traces de pattes ont été identifiées dans les environs. On part du fait que les vautours sont morts après avoir mangé les carcasses empoisonnées des chameaux », ont-ils ajouté.
Selon KWS, deux hypothèses se dégagent de la situation actuelle au Kenya. « Les éleveurs qui perdent leur bétail à cause des lions, des hyènes et d’autres carnivores répandent parfois des pesticides toxiques sur les carcasses des animaux abattus en guise de représailles. Le poison tue le prédateur, mais il tue aussi les vautours qui se précipitent pour manger les animaux empoisonnés. Les vautours peuvent aussi être délibérément empoisonnés par des braconniers afin que personne ne soit averti par ceux-ci qu’un animal a été tué, comme un éléphant pour ses défenses », rapporte KWS.
Le KWS travaille actuellement avec l’administration locale et la Direction des enquêtes criminelles (DCI) pour déterminer le type de poison utilisé. « Les échantillons de vautours sont en possession du chimiste du gouvernement pour analyse, tandis que les carcasses ont été éliminées afin d’éviter une éventuelle propagation de la maladie », affirme KWS. Parmi les espèces d’oiseaux de proie tués à Laikipia figurent 11 vautours fauves, 7 aigles royaux et 1 chacal argenté tous en voie de disparition. La loi interdit pourtant expressément, tout acte consistant à tuer ou à nuire à une espèce menacée ou à tout gibier à cette fin, en prévoyant des peines sévères de prison à vie ou une amende pouvant aller jusqu’à 20 millions de shillings ou les deux (plus de 188 608 dollars).
Quelques mois plutôt, le 6 février 2020, 20 vautours menacés de la réserve nationale du Masai Mara au Kenya ont également été tués à la suite d’empoisonnement. Ils auraient été nourris d’une carcasse d’hyène tachetée empoisonnée.
L’empoisonnement ciblé et non ciblé des vautours n’est pas le propre du Kenya seul. Il augmente à un rythme alarmant à travers l’Afrique. Le 20 juin 2019, 537 vautours en voie de disparition ont été empoisonnés par des braconniers d’éléphants au Botswana. Il s’agit de la plus forte mortalité de vautours jamais enregistrée au Botswana en un seul empoisonnement et l’un des pires sur le continent. En 2013, un incident similaire s’est produit dans la région de Caprivi en Namibie tuant entre 400 à 600 vautours.
Selon BirdLife, un partenariat mondial d’organisations de conservation qui protègent les oiseaux, leurs habitats et la biodiversité mondiale, ce n’est que par des actions de haut niveau que les vautours africains recevront l’attention et la protection qu’ils méritent contre l’empoisonnement par les sentinelles. « Les produits agrochimiques utilisés pour empoisonner les vautours doivent par exemple être interdits et l’utilisation de produits chimiques moins mortels doit être encouragée. Si de tels épisodes catastrophiques continuent, nous pourrions perdre la bataille pour sauver cette espèce emblématique et d’une importance vitale », prévient Beckie Garbett, membre du secrétariat du Partenariat international pour l’Afrique de BirdLife.
Inès Magoum