Une partie des populations de Dunga Beach, sur la rive kenyane du lac Victoria cuisinent désormais avec du biogaz. AstraZeneca et Cambridge Institute for Sustainability Leadership (Cisl) viennent de mettre en service 50 digesteurs domestiques qui leur permettent de fabriquer du biogaz.
Longtemps un problème insurmontable, la jacinthe d’eau est en train de devenir une solution incontournable pour les habitants de Dunga Beach, sur la rive kenyane du lac Victoria. Cette plante envahissante, qui forme une épaisse couche au-dessus de ce grand lac, bloquant l’oxygène nécessaire à la survie des poissons et, surtout, qui empêche toute embarcation de naviguer dans la zone contaminée. Beaucoup de recherches sont menées actuellement dans de grands laboratoires pour trouver la solution à ce problème.
Pourtant, en 2018, deux organisations ont constaté que cette plante pouvait être utile à la fabrication de biogaz. Le groupe pharmaceutique anglo-suédois, AstraZeneca, et Cambridge Institute for Sustainability Leadership (Cisl), un institut de recherche basé en Angleterre, ont décidé de construire des digesteurs domestiques et communautaires pour produire du biogaz au service de la population de Dunga Beach. Afrik 21 s’était fait l’écho en juin 2018 de ce projet au Kenya. Entre temps, les 50 biodigesteurs domestiques ont été mis en service avec succès.
Biodigesteurs communautaires, encore en phase de test
Fourni et développé par Biogaz International Ltd., une entreprise locale, le digesteur produit du biogaz à partir des déchets domestiques et des bourses de bétails. La jacinthe d’eau joue dans ce cas le rôle de catalyseur. Les 50 installations qu’AstraZeneca et Cisl ont mises en service sont désormais pleinement fonctionnelles dans les familles concernées par le projet. Les deux biodigesteurs communautaires sont encore en phase de test. Ils produiront du biogaz pour les restaurants, les fermes avicoles et surtout pour les installations de séchage de poisson.
Plus important encore, une partie des populations de cette région ne devraient plus avoir à couper des arbres pour en faire du bois de chauffe. La prolifération de la jacinthe d’eau, qui se multiplie frénétiquement sur le lac Victoria, devrait également subir un coup d’arrêt. Selon Jim Massey, vice-président de la stratégie et de l’engagement en matière de développement durable chez AstraZeneca, il ne s’agit ici que d’un projet pilote. Son entreprise est en train de travailler à une solution de financement pour installer cette technologie dans toutes les zones rurales du Kenya. En cas de succès, AstraZeneca et Cisl devraient pouvoir compter encore sur le soutien de l’entreprise kenyane, Biogas International Ltd, qui dispose d’une très grande expérience dans la production de biogaz. Enfin, ce projet devrait inspirer d’autres pays qui profitent des eaux du lac Victoria, et qui luttent contre les plantes envahissantes. C’est le cas de l’Ouganda menacé à l’est par deux espèces invasives, la jacinthe d’eau et l’herbe de Kariba.
Jean Marie Takouleu