Le gouvernement kenyan veut promouvoir la production d’emballages alternatifs à ceux conçus en matière plastique. Des allègements fiscaux leur seront désormais accordés. La mesure vise à renforcer le succès de l’interdiction du plastique à usage unique instituée en 2017.
Au Kenya, la commercialisation et l’utilisation des emballages plastiques à usage unique persistent, malgré leur interdiction ordonnée par le gouvernement en 2017. Des réseaux de contre bande approvisionnent le marché national à partir des pays voisins, où l’emballage plastique d’épaisseur inférieur à 1 micron ne souffre d’aucune interdiction.
Aujourd’hui, les autorités kényanes ont décidé de prendre le taureau par les cornes. Elles réalisent désormais que l’interdiction du plastique ne peut s’affirmer, tant que les populations n’auront pas d’alternatives pour l’emballage des aliments et autres produits de consommation. « Nous envisageons une série d’incitations fiscales pour pousser le secteur privé à développer des matériaux alternatifs pour l’emballage à partir de matériaux tel que le coton », a déclaré Geoffrey Wahungu, directeur général de l’Autorité nationale de gestion de l’environnement, le 11 mars 2019, en marge des travaux des 4e assemblées de l’Organisation des Nations unies pour l’environnement (ONU Environnement), à Nairobi, la capitale du Kenya.
Les producteurs des bouteilles plastiques devront se charger de leur recyclage après usage
M. Wahungu a affirmé que l’utilisation de bouteilles en plastique pour le conditionnement des boissons serait également réglementée, dans le cadre d’un accord de coopération intervenu entre le gouvernement et l’Association des fabricants du Kenya. Il stipule que les producteurs de bouteilles en plastique devront récupérer et recycler les bouteilles usagées afin de ne pas polluer l’environnement.
Rappelons que les déchets plastiques ont une incidence sur la santé des populations, les espèces animales, et la biodiversité en général.
En absence d’une politique efficace de gestion des déchets, les populations riveraines se voient obligées de jeter les ordures ménagères en bordure de mer et de les incinérer. Ces déchets non triés, donc composés de plastiques, de bouteilles, d’aliments, de fer, de bois, de matériels informatiques, de déchets médicaux, se consument ensemble pendant plusieurs heures. Ce qui dégage une forte odeur de composés chimiques qui causent, à la longue, des troubles respiratoires et des maladies pulmonaires. Le plastique brulé dégage de la dioxine (c’est la fumée noire), très toxique. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ils peuvent provoquer des problèmes au niveau de la procréation, du développement, léser le système immunitaire, interférer avec le système hormonal et causer des cancers. L’OMS estime qu’en 2012, la pollution atmosphérique a conduit à environ 7 millions de décès prématurés. Il s’agit de la principale cause de décès liés à l’environnement.
Par ailleurs, les déchets plastiques voyagent via les fleuves en direction des océans. « Entre 5 et 13 millions de tonnes de déchets plastiques se déversent chaque année dans les océans », a révélé l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans une étude sur l’avenir de la pétrochimie, parue en octobre dernier. Le fameux « 7e continent » constitué de bans entiers de déchets plastiquez flottant à la surface de la mer (mais qui pénètrent également au fond des océans) attaque la faune marine. En novembre 2018, le journal économique français Les Échos, citait une autre étude référencée par la Banque mondiale selon laquelle es détritus marins sont présents dans 100 % des tortues marines étudiées, 59 % des baleines, 36 % des phoques et 40 % des oiseaux de mer… Des microparticules de plastique ont même été trouvées dans de nombreuses espèces de poissons et de fruits de mer vendus pour la consommation humaine.
C’est conscient de cette triste réalité que le gouvernement kényan a décidé d’agir. Tout comme ce pays d’Afrique de l’Est, plusieurs autres pays africains, le Rwanda en 2008, le Gabon en 2010, le Cameroun en 2012, la Côte-d’Ivoire en 2013 ou encore au le Burkina Faso en 2014, ont règlementé la fabrication, l’importation, la détention, la commercialisation ou la distribution gratuite d’emballages plastiques à usage unique. Si les motivations sont similaires, les résultats escomptés ne sont pas toujours au rendez-vous, faute de véritables alternatives.
Boris Ngounou