Le projet d’irrigation du cours inférieur de Nzoia piétine. À l’origine de ce retard, la fronde contre le gouvernement central de la part d’une partie des habitants du comté de Trans-Nzoia dans la vallée du Rift au centre le Kenya. Ils réclament les dédommagements, que le gouvernement central de Nairobi s’était engagé à payer, bien avant le début du projet. Selon le journal kenyan The Star, le projet serait même au point mort, puisque les négociations ne progressent pas.
Sur le terrain, la bataille est menée par le Comité de mise en œuvre et de coordination du développement du comté de Trans-Nzoia. Il a pourtant été mis en place, il y a de cela quelques semaines, pour faciliter le dialogue entre les populations et le gouvernement central. Selon ce comité, « aucune compensation en échange des terres n’a été réalisée ». Pourtant, le gouvernement de Nairobi laisse entendre qu’une bonne partie des populations a déjà été dédommagée… Quoi qu’il en soit, une enveloppe de 1,2 milliard de shillings kenyans (près de 12 millions de dollars) est nécessaire pour indemniser ces populations dont les terres vont être inondées par les eaux du projet d’irrigation du cours inférieur de Trans-Nzoia.
Un important projet pour la région…
Il s’agit de la phase I du projet, dont l’appel d’offres a été remporté par Sinohydro, une entreprise qui appartient à l’État chinois et spécialisée dans la construction de barrages. Avec de gros contrats à la clé en Afrique, comme celui du projet hydroélectrique du Grand Inga de 11 000 MW, en République démocratique du Congo (RDC). Un partenariat public privé (PPP), à l’occasion duquel Synohydro collabore avec China Three Gorges Corporation (CTG) et l’entreprise espagnole Actividades de Construcción y Servicios (ACS).
À l’ouest du Kenya, la société a donc signé un contrat de 10 milliards de shillings (près de 100 millions de dollars) pour aménager et réhabiliter plusieurs digues, sur la rivière Nzoia, sur un parcours de 35 km au total. La même société devrait également fournir les ponceaux et les drains. Ce projet permettra de protéger les populations des comtés de Siaya et Busia contre les inondations persistantes, et sera déterminant pour l’agriculture locale, en particulier pour la culture des fruits et surtout celle des céréales comme le riz. Les agriculteurs de la vallée du Rift vont pouvoir ainsi alterner cette culture très consommatrice en eau avec celle du soja. Dans un avenir proche, le gouvernement du Kenya prévoit également d’installer une usine de conditionnement du riz dans la région. Mais tout cela dépendra donc de l’achèvement du projet d’irrigation sur le cours inférieur de Nzoia, qui a été financé en partie par la Banque mondiale. Et qui, pour l’instant, se retrouve bloqué, faute d’indemnisation des personnes déplacées.
Jean Marie Takouleu