Avant de commencer à recycler les déchets plastiques, Francis Muriithi ramassait de la ferraille pour la revendre à Karatina, une ville du centre du Kenya. Aujourd’hui reconverti, il fait fondre du plastique récupéré pour fabriquer des blocs de ventilation et des poteaux utiles au secteur de la construction.
Au départ, Francis Muriithi cherche un moyen de survie à Karatina, une ville du comté de Nyari au centre du Kenya. Dans cette ville, la pauvreté touche beaucoup de personnes. Francis Muriithi s’associe avec un groupe de personnes pour améliorer la propreté de la ville. Leur travail consiste à collecter des ordures dans les maisons… En échange, les propriétaires doivent payer une somme conséquente. Difficile dès lors de tenir, car beaucoup de propriétaires rechignent à payer les collecteurs d’ordures.
Finalement, le groupe explose. Mais Francis Muriithi, déterminé, reste dans le domaine et oriente son travail vers la collecte de la ferraille destinée à la revente. C’est en exerçant cette activité qu’il se rend compte dans la rue, qu’il y a davantage de déchets plastiques que de morceaux de ferrailles. Il décide d’exploiter cette ressource très négligée.
Début du recyclage des déchets plastiques
Dès ses débuts, il se rend compte qu’à Karatina, il est impossible de revendre les déchets plastiques pour le recyclage. C’est la raison pour laquelle il décide de vendre ses produits à Nairobi, la capitale du Kenya. Sur place, une tonne de déchets plastiques se vend à 5 000 shillings, soit plus 42 euros. Mais cette somme est nettement inférieure à celle de la ferraille dont la tonne se vend entre 20 000 et 30 000 shillings (plus de 255 euros).
Et le transport du plastique reste très compliqué, notamment à cause du volume. Un camion ne peut transporter que 2 tonnes par voyage contre 12 tonnes pour le fer. C’est cette difficulté qui l’amène à chercher à réaliser lui-même le recyclage de ses déchets. « J’allume habituellement un feu de bois et je fais fondre les plastiques dans un grand tambour métallique, j’ajoute du sable et des sels métalliques, puis je verse le liquide bouillant dans le moule. Je le laisse ensuite sécher pendant environ trois jours », explique Francis Muriithi.
Aujourd’hui, il emploie 4 personnes dans la ville de Karatina. Elles sont capables de produire 500 blocs de ventilation par jour. Elles fabriquent également des poteaux nécessaires au secteur de la construction.
Des difficultés de commercialisation
Dès le départ, Francis Muriithi fait face aux difficultés de commercialisation, car beaucoup de personnes sont frileuses à l’idée d’utiliser des blocs de ventilation et des poteaux fabriqués avec des déchets plastiques recyclés. Il a donc fallu convaincre ses potentiels clients des avantages des matériaux de construction fabriqués à base des déchets plastiques. Mais avec le temps, ses produits sont de mieux en mieux adoptés. Francis Muriithi vend ses blocs de ventilation à des quincailleries de sa ville (un poteau coûte 600 shillings, plus de 5 euros).
Son action s’inscrit dans un mouvement général en faveur marché du recyclage des déchets plastiques au Kenya, sous toutes ses formes. De son côté — nous le rapportions il y a trois semaines à nos lecteurs —, Alternative Energy System se sert de cette matière pour fabriquer du diesel.
Jean Marie Takouleu