Au Kenya, les défenseurs de l’environnement sont irrités et ils le font savoir. La raison de leur contrariété est une nouvelle méthode de protection des rhinocéros noirs mise au point par le Service de la faune du Kenya (KWS). La solution proposée par KWS est l’utilisation des contraceptifs sur des lionnes afin de limiter les naissances au sein de l’espèce, principal prédateur du rhinocéros noir. D’après les défenseurs de l’environnement, le KWS aurait pu trouver meilleurs moyens de protéger les animaux en danger, d’autant plus que les lions eux-mêmes sont de moins en moins nombreux au Kenya et partout sur le continent africain.
D’ailleurs, l’Africa Wildlife Foundation estime qu’au cours des deux dernières décennies, la population de lions d’Afrique a diminué de 43 % pour atteindre seulement 23 000 individus.
Devant les plaintes des défenseurs de la cause animale, le KWS se veut rassurant en indiquant que tout est fait avec un « grand soin ». Pour la phase pilote du projet de protection des rhinocéros noirs, six lionnes âgées de 5 ans chacune ont été sélectionnées sur les près de 2000 lions que compte le pays. Le contraceptif implanté sur les lionnes agira durant une année. « Le Kenya compte moins de 1 000 rhinocéros noirs. Le pays en perd quatre chaque année à cause des lions. Ce qui cause un énorme déséquilibre dans la faune. Nous voulons y remédier. Aussi, si les contraceptifs fonctionnent, ce sera une option que le KWS prendra en considération lorsqu’il essaiera de gérer les populations de lions », affirme Patrick Omondi, le directeur de la recherche et de la planification de la biodiversité du KWS.
Avant de penser à l’option de la contraception pour protéger les rhinocéros noirs du Kenya, le KWS a étudié la possibilité de les déplacer vers de nouveaux habitats. « Nous avons conclu que le déplacement des prédateurs n’est pas recommandé, car il leur faut beaucoup de temps pour s’installer dans de nouvelles zones et durant cette période d’adaptation, plusieurs d’entre eux s’égarent généralement en dehors de la zone protégée. D’autres se font même tuer dans les nouvelles zones » explique Patrick Omondi.
En 2018 par exemple, huit rhinocéros noirs sur les 14 transférés au parc national de Tsvo Est sont morts après avoir consommé de l’eau salée.
Inès Magoum