La Banque africaine de développement (BAD) va de nouveau prêter de l’argent pour le projet de barrage sur la rivière Thwake au sud du Kenya. Les 235 millions d’euros faciliteront l’achèvement du projet qui devrait permettre de produire de l’eau potable, de l’électricité et faire de l’irrigation.
Le projet de barrage sur la rivière Thwake, comté de Makueni dans le sud du Kenya, va de nouveau recevoir un prêt de la Banque africaine de développement (BAD). Le conseil d’administration de cette institution financière panafricaine vient de valider la décision d’injecter plus de 235 millions d’euros pour ce projet qui sera achevé d’ici décembre 2022.
L’argent de la BAD sera divisé en deux parties. D’abord un prêt de la Banque de plus de 192,5 millions d’euros qui sera suivi d’une deuxième tranche de plus de 43 millions d’euros qui proviendra d’Africa Growing Together Fund (AGTF). Il s’agit d’un fonds de 2 milliards de dollars créé conjointement par la BAD et la Chine, dans le but de financer des projets publics et privés de développement en Afrique. Le barrage servira à produire de l’eau potable, à irriguer des plantations et à produire de l’électricité.
Un barrage polyvalent
Le projet est mené par l’entreprise China Gezhouba Group Company (CGGC). Le barrage de Thwake affichera une hauteur de 80,5 mètres. Après son achèvement, il devrait être capable de stocker 681 millions de m3 d’eau. Seulement 22 millions de m3 seront destinés à produire de l’eau potable. Mais avant de rendre l’eau rougeâtre de la rivière Thwake consommable, il faudra d’abord la traiter. Une usine de traitement de l’eau devrait être construite. Elle aura une capacité de 151 800 m3 par jour. Cette quantité d’eau est capable d’alimenter 674 700 de personnes en milieu rural (34 600 m3) et jusqu’à 117 200 m3 pour 640 000 personnes vivant en ville, et plus particulièrement Konza Technology City, une smart-city qui connait une croissance rapide à 160 kilomètres au sud de Nairobi, la capitale du Kenya.
Pour le moment, très peu d’informations sont disponibles sur l’électricité qui sera produite à partir du barrage Thwake. Mais 625 millions de m3 d’eau serviront à produire de l’énergie et irriguer des plantations en amont et en aval du barrage. Cette eau sera d’un apport capital pour le comté de Makueni, connu pour sa production de céréales, de tubercules, de légumes et de fruits. Le coût total de ce projet est de près de 529 millions d’euros. L’État kenyan le finance à 65 %. Le reste est supporté par la BAD.
Un projet plombé par le retard
Ce n’est pas la première fois que la BAD investit dans ce projet. En 2013 déjà, la banque avait injecté 76 millions d’euros. L’argent devait servir au démarrage des travaux. Mais le projet a accusé un retard considérable. Ce manquement était dû à deux facteurs.
D’une part, l’indemnisation de plusieurs villageois contraints d’abandonner leurs terres. Le gouvernement estime avoir dépensé plus de 2 milliards de shillings kenyans, soit plus de 17 millions d’euros.
Le deuxième retard est survenu d’autre part au niveau de l’appel d’offres. Initialement, c’est Sinohydro Tianjin Engineering Limited qui avait remporté le contrat de construction du barrage. Mais ce choix a été controversé, au sein même du gouvernement kenyan, occasionnant une enquête parlementaire. Finalement, le contrat de construction du barrage de Thwake a été attribué à CGGC. Problème, là encore, cette entreprise a figuré pendant un temps sur la liste noire de la BAD qui a exigé son retrait. Après d’intenses tractations sous pression du parlement kenyan, CGGC a commencé les travaux au début de l’année 2018.
Jean Marie Takouleu