Au Kenya, le Tribunal national de l’Environnement a ordonné le 26 juin 2019, la suspension du projet controversé de construction d’une centrale électrique à charbon sur l’archipel de Lamu, un site inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Une grande victoire pour les défenseurs de l’environnement et les populations locales. Le projet de 2 milliards d’euros, financé par la Chine, piétine depuis 2015.
Un groupe d’habitants de Lamu et des représentants d’ONG de protection de la nature ont éclaté de joie le mercredi 26 juin 2019, à la sortie du tribunal kenyan de l’Environnement. Le juge Mohammed Balala a annulé une précédente décision de justice, accordant une licence à la coentreprise Amu Power, pour la construction d’une centrale électrique à charbon à Lamu, un archipel situé sur la côte Nord du Kenya.
Le magistrat a estimé illégale, la licence obtenue par le gouvernement pour la construction de cette centrale, et a ordonné que soit à nouveau réalisée l’étude d’impact environnemental. Il a également estimé que les consultations publiques, notamment auprès des communautés locales, n’avaient pas été menées de manière adéquate.
« Amu Power a pris note des préoccupations soulevées par le jugement et a pour ambition de travailler avec toutes les parties prenantes, afin que toutes les questions soient résolues », a réagi Cyrus Kirima, directeur général d’Amu Power. Cette coentreprise entre une firme kényane et la société omanaise Gulf Energy, n’a toutefois pas indiqué si elle compte interjeter appel de la décision. Elle dispose en tous les cas d’un délai de 30 jours pour ce faire.
Un projet à contrecourant de l’encrage du Kenya dans les énergies vertes
Le gouvernement kényan voit en cette centrale électrique à charbon (la première d’Afrique de l’Est, d’une capacité de 1050 mégawatts et d’un coût de 2 milliards d’euros financée par la Chine), un gage de croissance économique. Et pourtant les écologistes y voient une contradiction avec le modèle énergétique du pays.
Le Kenya est en effet un champion des énergies renouvelables, avec 80 % de la production électrique issue principalement de l’hydroélectrique et de l’éolien.
Pour Mohamed Athman, de l’organisation « Save Lamu », la survie des communautés de cet archipel classé au patrimoine mondial de l’Unesco est en jeu. « La décision du juge du tribunal de l’Environnement est un avertissement à l’encontre de cette centrale à charbon qui tue. Elle nous ferait perdre l’écosystème et les microorganismes marins, notre industrie de la pêche et même nos vies », assure-t-il. « Deux-mille personnes mourront chaque année à cause de l’explosion des maladies. À Lamu, nous ne sommes que 200 000 habitants. Une minorité dans le pays. Donc si nous nous taisons, nous perdons », conclut-il.